Le sorcier Abarth

Préparateur-constructeur de grand talent, Carlo Abarth a, pour l'essentiel, lié son destin à Fiat.

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Les berlinettes Fiat Abarth Zagato

Gilles Bonnafous le 15/06/2003

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C'est la Fiat 600 qui se trouve à la base des berlinettes que Carlo Abarth va développer à partir de 1957. Constructeur de bombes explosives, ce dernier ne pouvait confier le dessin de ces petites GT très exclusives qu'à Zagato, carrossier par excellence de voitures sportives.

La première de la série est la 750 GT, dont plusieurs prototypes roulent dès 1956. Elle hérite du quatre cylindres culbuté de la berline 750, dont la puissance oscille entre 44 ch et 47 ch selon le niveau de préparation. La boîte de vitesses possède quatre rapports. Avec un poids plume de 535 kilos, auquel contribue sa carrosserie en aluminium, la vitesse dépasse les 150 km/h. Longue de seulement 3,23 mètres, cette charmante GT de poche hérite des superbes galbes du style Zagato, ainsi que du caractéristique pavillon à double bulle cher au carrossier. Conçue pour courir, elle ne tarde pas à se faire remarquer en compétition, remportant notamment les deux premières places du classement 750 Grand Tourisme aux Mille Milles de 1957.

750 GT
750 GT D.R
Fiat Abarth 750 Record Monza Zagato
Fiat Abarth 750 Record Monza Zagato D.R

Mais le quatre cylindres de la Fiat 600 a ses limites, celui d'un moteur culbuté. Il faut donc, pour Carlo Abarth, en développer une version plus poussée, dotée d'une culasse à double arbre à cames en tête. La tâche est confiée au célèbre ingénieur Gioachino Colombo, auteur de nombreuses mécaniques prestigieuses (Alfa Romeo, V12 Ferrari, motos MV, etc.). Gavé par deux carburateurs Weber double corps de 32, le moteur développe 57 ch à 7000 tr/mn. Il permet à la nouvelle berlinette 750 Record Monza d'atteindre les 180 km/h. Lancée au salon de Paris de 1958 et baptisée officiellement " Fiat Abarth 750 Record Monza Zagato ", par référence aux records de vitesse battus sur l'autodrome par Abarth, elle bénéficie d'un remodelage sensible de son design. La voiture se distingue de la 750 GT par la présence de vitres de custode et l'abandon du toit à double bulle, tandis qu'une large et unique prise d'air prend place sur le capot moteur. L'habitacle est également mieux fini. La 750 Record Monza s'illustrera notamment en Allemagne, où elle remportera, en 1960, les 500 Kilomètres du Nürburgring (pilotée par Castellina et Vinatier).

Le moteur de la Fiat Abarth 750 Record Monza Zagato
Le moteur de la Fiat Abarth 750 Record Monza Zagato D.R
Fiat Abarth 750 Record Monza Zagato au Nürburgring, 1960
Fiat Abarth 750 Record Monza Zagato au Nürburgring, 1960 D.R

Un troisième modèle de berlinette apparaît en 1958, la 500 GT, dérivée de la Fiat 500. Il s'agit d'une mini-GT, qui ne dépasse pas trois mètres de long, un jouet craquant motorisé par le bicylindre Fiat revisité par Abarth. Zagato a repris les lignes de la 750 GT, mais avec une lunette arrière panoramique. Produite à un très faible nombre d'exemplaires, la 500 GT Zagato est aujourd'hui une voiture excessivement rare et très recherchée par les passionnés.

500 GT
500 GT D.R
700 Bialbero
700 Bialbero D.R

La gamme des berlinettes est réorganisée en 1959. Si la 750 GT (moteur culbuté) poursuit sa carrière, la 500 GT disparaît, tandis que la 750 Record Monza (appelée aussi Bialbero en raison de ses deux arbres à cames en tête) cède la place à deux nouveaux modèles : la 700 Bialbero et la 850 Record Monza. La première emprunte son moteur à la 750, dont la course a été réduite de 64 millimètres à 59,5 millimètres. Pour autant, le moteur s'avère plus brillant avec 64 ch à 7900 tr/mn, soit le rendement remarquable de 92 ch au litre (180 km/h). Quant à la 850 Record Monza, elle reçoit un 847 cm3 (62,5 x 69 millimètres) de 73 ch (190 km/h). Les deux voitures, dont les carrosseries sont identiques à la 750 Bialbero, sont présentées sur le stand Zagato du salon de Turin 1959. Equipées d'un radiateur à l'avant, deux 850 et une 700 seront engagées aux 24 Heures du Mans de 1960, où elles abandonneront (problèmes d'embrayage pour les 850 et casse moteur pour la 700).

La montée en puissance se poursuit et la 1000 Bialbero remplace la 850 Record Monza. Dévoilée au salon de Paris de 1960, elle est motorisée par un 982 cm3 de 91 ch, qui la propulse au-delà du cap symbolique des 200 km/h. La voiture est identifiable à ses phares dépourvus de profilage.

850 Record Monza au Mans 1960
850 Record Monza au Mans 1960 D.R
1000 Bialbero, 1961
1000 Bialbero, 1961 D.R

Carlo Abarth lance en 1961 un modèle plus polyvalent et plus abordable, la Monomille. Si elle reprend la cylindrée de 982 cm3 de la Bialbero, son bloc est couvert d'une culasse culbutée. La puissance est limitée à 60 ch à 6000 tr/mn (175 km/h).

Faites pour courir, les Bialbero ne sont guère adaptées à une utilisation civile. Délicates à régler, elles sont également sujettes à la surchauffe. En compétition, ces mécaniques très pointues ne supportent pas les surrégimes. Les courses d'endurance, type 24 Heures du Mans, ne constituent pas leur terrain de prédilection, qui est plutôt les courses de côtes, où la mécanique est sollicitée sur une courte durée. Pour autant, la 1000 Bialbero sera sacrée championne du monde des constructeurs (Division 1 jusqu'à un litre) en 1962.

Monomille, 1961
Monomille, 1961 D.R
1000 Bialbero au salon de Turin 1962
1000 Bialbero au salon de Turin 1962 D.R

Les 700 et 1000 Bialbero poursuivent leurs carrières et bénéficient de nombreuses améliorations. La 1000 passe à 97 ch, tandis que la carrosserie évolue au salon de Paris de 1962. Si la griffe Zagato disparaît, le style demeure, avec toutefois un remodelage important. La poupe reçoit un capot moteur proche de celui de l'Abarth Simca 2000, et la visibilité est améliorée grâce à des vitres de custode agrandies et d'un dessin plus convaincant. Le pare-brise est également plus incliné et plus vaste.

En 1964, la 1000 connaît l'apogée de son développement. La puissance est encore augmentée : 104 ch à 8000 tr/mn ! La légendaire voiture atteint maintenant 220 km/h. La carrosserie est également modifiée avec l'apparition d'une nouvelle proue, plus allongée, et d'élargisseurs sur les passages de roues. L'année suivante sera marquée par les débuts d'une toute nouvelle berlinette, qui succèdera aux Fiat Abarth 700 et 1000, ainsi qu'aux Abarth Simca 1300 et 2000 : la Fiat Abarth OT 1300, appelée à une brillante carrière sportive.

1000 Bialbero, 1963
1000 Bialbero, 1963 D.R
1000 Bialbero, 1964
1000 Bialbero, 1964 D.R
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