FIAT ABARTH 595 et 695

Après avoir lancé la 600, les dirigeants de Fiat souhaitent proposer une mini-voiture biplace à vocation urbaine se situant à un niveau de gamme inférieur. Conçue par Dante Giacosa, le célèbre ingénieur en chef de la marque, et construite comme une véritable automobile - structure monocoque, vraie suspension, freins hydrauliques largement dimensionnés et circuit électrique de 12 volts -, la Fiat 500 connaîtra une réussite qui lui permettra de monopoliser longtemps le créneau de la micro-voiture sur le marché européen.

Présentée pendant l'été 1957, la 500 apparaît parfaitement adaptée à son objectif. Simple et économique, celle qui sera affectueusement surnommée le pot de yaourt est rustique dans sa présentation. A l'exception de la mécanique, elle reprend l'architecture de la 600, tout à l'arrière avec quatre roues indépendantes. La puce est motorisée par un bicylindre en ligne refroidi par air de 479 cm3 et 16,5 ch, qui l'entraîne à 85 km/h. Réputé pour ses vibrations au ralenti, il ne manque pas d'allant (en zone urbaine), non obstant les craquements de la boîte à crabots et le niveau sonore élevé imputable à la turbine. Carlo Abarth ne va pas tarder à éliminer les chromosomes bourgeois de ce paisible groupe pour l'ensorceler grâce à des pistons, bielles et vilebrequins spéciaux, des arbres à cames modifiés et autres échappements maison.

C'est en 1958 qu'apparaît la première 500 transformée par Abarth. Grâce aux 19 chevaux de son moteur préparé (arbre à cames reprofilé, carburateur modifié, carter spécifique), elle s'illustre par une série de records établis sur l'autodrome de Monza du 13 au 20 février 1959. Les pilotes Remo Cattini, Marino Guarnieri et Corrado Manfredini se relaient pendant sept jours pour parcourir 18 186 kilomètres à la moyenne de 108,252 km/h.

La même année, Abarth réalise une voiture de record construite sur un châssis tubulaire et conservant, à l'image de la berline, l'implantation du moteur en porte-à-faux arrière. Dessiné par Pininfarina et réalisé en aluminium, ce cigare ne pèse que 368 kilos ! Il bat 23 records internationaux, dont celui des 2000 kilomètres à la moyenne de 153,319 km/h. Modifiée en 1959 par l'adjonction d'une longue queue et la suppression du périscope, la voiture établit, au mois d'août, cinq nouveaux records de la classe 1 (351 cm3 à 500 cm3), dont les 1000 kilomètres à 165,652 de moyenne.

Il faut attendre la fin de 1963 pour que soit lancée sur le marché une Abarth dérivée de la 500 - jusqu'alors, seuls des kits de préparation étaient proposés. C'est la 595, présentée en novembre au salon de Turin et homologuée pour courir dans la classe des moins de 600 cm3 au minimum réglementaire de mille exemplaires produits. Abarth procède comme pour la 600 en augmentant la cylindrée, qui, par réalésage, passe à 594 cm3 (d'où son appellation de 595). Avec 27 ch à 5000 tr/mn, la puissance reste modeste mais la voiture atteint tout de même 120 km/h. Extérieurement, seuls le logo sur la face avant et quelques inscriptions permettent d'identifier la voiture.

La course à la puissance est lancée. Au cours de l'année 1964, apparaît la 595 SS, dont les 32 ch propulse l'engin à 130 km/h. La SS reçoit un surtoit profilé, qui est présenté comme un aileron aérodynamique et dont la fonction est aussi (et surtout) de rigidifier la coque rendue vulnérable par sa capote en toile. De nombreuses options sont proposées, dont des roues en alliage, un tableau de bord à quatre cadrans et le volant Abarth en aluminium à jante recouverte de cuir. Suivant l'évolution de la Fiat 500, la 595 SS bénéficie à partir de 1965 de portes ouvrant dans le bon sens. Rapidement, elle est épaulée d'une version Assetto Corsa exclusivement réservée à la compétition. De même puissance, la voiture est livrée avec des élargisseurs d'ailes en résine rapportés sur la caisse, qui permettent de monter des roues Abarth à voile large. Elle reçoit également le tableau de bord à quatre cadrans et le volant en option sur la SS. Ultime évolution, la 595 SS Assetto Corsa est gratifiée en 1970 d'un nouveau traitement décoratif, plus voyant : les élargisseurs d'ailes sont alors peints en rouge, tout comme les bas de caisse et une partie de la face avant (un trapèze).

Entre temps, Abarth a présenté au salon de Genève de 1964, la 695, un modèle plus civilisé que la 595 SS et qui est considéré comme Ia version routière Ia plus équilibrée des Abarth dérivées de la Fiat 500. Si la puissance (30 ch) et la vitesse maximum (130 km/h) sont pratiquement identiques à la 595 SS, le nouveau moteur de 689 cm3 aux cotes super carré (76 x 76 millimètres) se veut moins pointu. Qu'à cela ne tienne, la 695 est aussitôt accompagnée d'une variante plus poussée, la 695 SS. Trônant au sommet de la gamme, elle dépasse les 135 km/h, forte de ses 38 ch à 5200 tr/mn obtenus grâce à un taux de compression plus élevé de 9,8 à 1 et à un carburateur Solex de 34. Elle peut être équipée du même surtoit profilé que la 595 SS. La 695 SS reçoit à son tour sa version Assetto Corsa, mécaniquement identique, mais reconnaissable à ses ailes élargies.

Brillantes, les 595 et 695 apporteront à Abarth d'innombrables succès sportifs dans les classes 600 et 700. En collection, elles sont aujourd'hui très recherchées par les amateurs de puces nerveuses et agiles. Toutefois, dans le brillant aréopage des dérivés Abarth de la Fiat 500, le fantasme absolu reste la berlinette 500 GT Zagato. Mais ceci est une autre histoire.