Le centenaire du Grand Prix de France

Créé en 1906, le Grand Prix de l'Automobile Club de France (ACF) est le doyen des Grand Prix automobiles.

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Histoire : Les circuits du Grand Prix de France

Gilles Bonnafous le 21/07/2006

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L’ombre de la gloire plane sur les circuits des Grands Prix, ces lieux de mémoire théâtres d’exploits, dont pilotes et mécaniciens sont les héros. Au bout de l’effort, le triomphe ou la défaite, la joie exaltée ou l’amère désillusion. La victoire ne tient parfois qu’à un fil, coup de chance ou signe du destin. A chaque Grand Prix, le circuit est le lieu d’un drame, au sens théâtral du terme, dont l’intrigue n’est jamais écrite à l’avance. Ce seront les lauriers sous le drapeau à damier, ce peut être aussi une carrière qui bascule, l’accident, la mort.

Le circuit de Montlhéry
Le circuit de Montlhéry D.R.
L'extérieur du circuit de Montlhéry
L'extérieur du circuit de Montlhéry D.R.

Ce sont des affrontements d’hommes, aux caractères forts, trempés dans la soif de vaincre, parfois à tout prix. Individualiste par excellence, le sport automobile est une guerre d’ego. Au volant, le pilote est le seul maître à bord — c’est un peu moins vrai aujourd’hui avec l’électronique embarquée. Tout pour la première place, la seule qui vaille. « It’s good to win », disait Stirling Moss. Mental de gagneur, un champion ne se bat pas pour une deuxième place. Au mieux, il s’en satisfait dans le cadre d’une stratégie à long terme pour la conquête d’un titre mondial. Les duels au cordeau à 250 km/h font frissonner spectateurs et téléspectateurs. Chacun a en tête les joutes ayant opposé, roue contre roue, Mansell, Prost, Senna et Schumacher.

Une vingtaine de circuits ont accueilli notre Grand Prix national depuis sa création en 1906. Il s’appelle alors le Grand Prix de l’Automobile Club de France. Dessinant un tracé de 103 kilomètres et constitué de longues lignes droites, le circuit de la première édition est dessiné dans l'Est de la région du Mans sur des routes reliant la ville à Saint-Calais et La Ferté-Bernard. Courue sur une distance de 1240 kilomètres, l’épreuve se déroule sur deux jours durant lesquels les concurrents doivent boucler six tours quotidiens. La nuit, les machines sont gardées et aucune modification ne peut leur être apportée. Le premier parc fermé en somme de l'histoire des Grands Prix !

Suite aux accidents qui ont marqué les courses de ville à ville, notamment le Paris-Madrid de 1903, les autorités ont imposé que le Grand Prix se déroule sur des routes où la circulation est interdite. Des travaux très importants ont été réalisés. Le circuit est entièrement goudronné et, pour contourner certains villages, les organisateurs ont mis en place des déviations construites sur des madriers.

Dès l'origine, le Grand Prix de l’ACF n'a privilégié aucun circuit en particulier. A partir de 1907, le Circuit de Dieppe succède à celui du Mans, et ce jusqu’en 1912 (l’épreuve ne sera pas disputée en 1910 et 1911). Puis ce seront le Circuit de Picardie, près d’Amiens, en 1913 et celui de Lyon en 1914.

Affiche du 36e Grand Prix de l'ACF
Affiche du 36e Grand Prix de l'ACF D.R.
Le circuit du Comminges
Le circuit du Comminges D.R.

Après la guerre, l’épreuve ne reprend qu’en 1921, près du Mans, sur un tracé qui préfigure le circuit des 24 Heures. Dès lors, le Grand Prix de l’ACF voyage beaucoup : Strasbourg en 1922 et Tours en 1923, où le circuit de Touraine, d’une longueur de 23 kilomètres, est à parcourir 35 fois (800 km) avec des pointes à 200 km/h. Puis, on revient à Lyon en 1924, avant de passer aux ovales, ceux de Montlhéry (1925, 1927) et de Miramas (1926), dans les Bouches-du-Rhône (le seul GP de l’ACF jamais couru là).

En 1928, la course a lieu sur le circuit du Comminges, à Saint-Gaudens. C’est à nouveau Le Mans l’année suivante, avant Pau en 1930. Le Grand Prix se fixe ensuite à Montlhéry de 1931 à 1937 — à l’exception de 1932 où il a lieu à Reims. L’autodrome de Linas-Montlhéry doit sa création à un industriel de l'automobile, Alexandre Lamblin, par ailleurs propriétaire d'un journal sportif, l'Aéro-sport. Son but est de doter la France d'un anneau de vitesse comme l’ont fait auparavant la Grande-Bretagne avec Brooklands (1907), les Etats-Unis avec Indianapolis (1911) et l'Italie avec Monza (1922). Ouvert en 1924, il développe la longueur de 2,5 kilomètres, que l’adjonction d'un circuit routier portera à 12,5 kilomètres.

Pour les deux années qui précèdent la guerre, la course s’installe sur le circuit français, qui demeurera le plus rapide : Reims-Gueux. Tracé en 1926 dans la plaine champenoise selon une formule simple — trois virages et trois lignes droites forment le célèbre triangle Muizon-Thillois-Gueux —, il mesure huit kilomètres. Emprunté pour la première fois en 1932, le circuit de Reims accueillera la Formule 1 après la guerre — le tracé sera modifié en 1952. Ce circuit, l'un des plus redoutés et des plus appréciés des pilotes, a participé à la légende du sport automobile en France — on se souvient également des 12 Heures de Reims. Une association tente aujourd’hui de le sauvegarder dans l’indifférence des Pouvoirs Publics.

Après la création du Championnat du Monde de Formule 1 en 1950, le Grand Prix de l’ACF sera organisé sur sept circuits différents : outre Reims, Rouen-les-Essarts, Charade, Dijon, Le Castellet, Le Mans (une seule fois sur le Bugatti en 1967) et Magny-Cours.

Le circuit de Reims
Le circuit de Reims D.R.
Le circuit de Rouen
Le circuit de Rouen D.R.

Reims (1950, 1951, 1953 à 1956 sauf 1955, 1958 à 1961, 1963 et 1966) et Rouen se partagent l’épreuve jusqu’en 1964. Inauguré en 1950, Rouen-les-Essarts emprunte des nationales et départementales sur cinq kilomètres. Le passage le plus spectaculaire est la fameuse chicane du Nouveau Monde. En 1957, il sera rendu plus rapide par l'ajout de trois lignes droites. Le GP de l’ACF s’y tient en 1952, 1957, 1962, 1964 et 1968. La mort de Jo Schlesser en 1968 sera fatale au circuit, qui ne sera plus utilisé en Formule 1. Il n’en reste malheureusement plus rien aujourd’hui après la destruction récente de ce qui restait des tribunes.

Construit à quelques kilomètres de Clermont-Ferrand, le circuit de Charade a été construit en 1958. Superbement dessiné dans la montagne sur quatre kilomètres et 18 virages, il accueille à quatre reprises le Grand Prix de l’ACF (qui devient GP de France en 1968) en 1965, 1969, 1970 et 1972.

Etudié avec la collaboration de François Cevert et Jean-Pierre Beltoise, Dijon-Prenois est inauguré en 1972. Le tracé initial de 3,3 kilomètres sera porté à 3,8 kilomètres trois ans plus tard. Le circuit reçoit son premier Grand Prix de France en 1974, avant de faire de même avec le Grand Prix de Suisse en 1975 (puis de nouveau en 1982). Il sera en 1979 le théâtre de la première victoire de la Renault Turbo en Formule 1, comme de celle d’Alain Prost en 1981.

Le circuit de Dijon
Le circuit de Dijon G.Bonnafous
Le circuit du Castellet
Le circuit du Castellet D.R.

En 1971, la course a fait pour la première fois escale au circuit Paul Ricard, créé par l'industriel du pastis sur le plateau du Castellet, près de Bandol. Grâce à sa ligne droite du Mistral, idéale pour les essais, et sa conception moderne, qui en fait la piste la plus sûre de l’époque, le Paul Ricard devient le circuit préféré des écuries. De 1973 à 1984, il s'échange l'organisation du Grand Prix de France avec Dijon-Prenois, avant d’être l’hôte permanent de l’épreuve entre 1985 et 1990.

En 1991, François Mitterrand installe le Grand Prix de France à Magny-Cours, près de Nevers, dans ce qui doit devenir une nouvelle technopole française. Le circuit de Nevers Magny-Cours demeure aujourd’hui l'un des tracés les plus techniques du Championnat du Monde de F1.

Le circuit de Magny-Cours
Le circuit de Magny-Cours D.R.
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