Bornes de recharge : où en est le déploiement ?

Aussi indispensables à la voiture électrique que le sont les stations-services aux véhicules thermiques, les bornes de recharge fleurissent progressivement dans les villes, les campagnes et les grands axes de France. Les objectifs sont ambitieux. Mais seront-ils tenus ?

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Un objectif ambitieux ou inatteignable ?

Cédric Morançais le 20/04/2021

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Jakob Harter

Le Gouvernement ne cesse de le marteler dès que la question lui est posée. D’ici à la fin de cette année, 100 000 bornes publiques jalonneront les routes de France. Rapporté aux 550 000 km2 du territoire métropolitain, cela semble être un minimum. D’autant que, avec 11 000 km d’autoroutes, les besoins sont particulièrement importants en matière d’équipements capables de délivrer de hautes charges. Un réseau coûteux mais indispensable si l’on veut que la voiture électrique ne se cantonne plus aux petits trajets et/ou aux parcours urbains. Le nombre de bornes actuellement installées en France donne une idée du défi que représente l’objectif du Gouvernement : à ce jour, il y en a à peine plus de 30 000. Multiplier ce chiffre par trois en neuf mois est-il envisageable ?

En tout cas, une trentaine d’entreprises sont d’ores et déjà à la manœuvre. Parmi elles, Izivia, une filiale d’EDF qui en installe actuellement 5 000. Pour l’anecdote, rappelons que cette même société avait, il y a un an, torpillé le réseau Corri-Door, dont elle était co-gérante et alors fort de 189 bornes sur le réseau autoroutier, en prétextant un problème de sécurité. Lorsque l’on sait que l’entreprise qui a fabriqué ces bornes est la propriété d’Engie (ex-GDF), il est permis de se demander s’il ne s’agissait tout simplement pas d’un règlement de compte entre les deux ex-sœurs.

Les choses évoluent d’ailleurs trop lentement aux yeux de nombreux experts, qui tablent plutôt sur 2024 ou 2025 pour atteindre le fameux seuil des 100 000. D’autant que plusieurs des personnes que nous avons interrogées ont levé un important lièvre : certaines bornes, disposant de deux types de prises différentes, seraient parfois comptabilisées comme étant deux, sachant qu’une seule voiture peut y être branchée à la fois.

Autre point régulièrement relevé par les utilisateurs de véhicules électriques, un nombre conséquent de bornes (certains évoquent une proportion de 1 sur 5) est hors-service. Il semble que ce soit le plus souvent le cas des bornes « de campagne », ces points de recharge installés dans une multitude de villages qui ont profité des diverses aides qui leur sont offertes (Etat, région et/ou département suivant les cas) pour s’offrir une image plus verte. Mais finaliser l’installation et assurer la maintenance de ces bornes est souvent un casse-tête technique et financier, et nombre de municipalités n’entretiennent pas des équipements très rarement utilisés.

Si, aujourd’hui, la plupart des métropoles ont délégué ce marché à des opérateurs privés, c’est parce que le coût de ces installations est très élevé. Il faut, en moyenne, compter 15 000 € pour une borne délivrant 10 à 20 kW (3 à 4h de charge pour atteindre les 80% sur une « petite » voiture du style de la Renault Zoé ou de la Peugeot e-208) et plus de 30 000 € pour une borne délivrant une puissance supérieure.

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