Technique : L'expertise

Didier Lainé le 01/01/2004

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Qui fait quoi ?

Les experts ont des missions multiples que les collectionneurs connaissent mal. Comme ils ont souvent tendance à confondre les «experts en automobiles» et les experts spécialisés justifiant d’une bonne connaissance des automobiles de collection. Le plus souvent, les collectionneurs font la connaissance d’un expert à la demande de leur assureur lorsqu’ils souhaitent faire garantir leurs véhicules en «valeur agréée». Auquel cas, c’est la compagnie qui propose une liste d’experts sélectionnés par ses soins.

Certaines Compagnies comme Zurich ont choisi de mandater exclusivement des «experts en automobiles» spécialisés regroupés au sein d’un réseau national constitué sous l’égide de Christian Huet qui garantit leur compétence dans le domaine des voitures de collection. D’autres assureurs spécialisés voire certains négociants professionnels travaillent plutôt avec des experts reconnus qui n’ont pas nécessairement le titre «d’expert en automobiles». Comment s’y retrouver ?


D.R.

D.R.

Les «experts en automobiles» (titre officiel) sont des professionnels justifiant d’une longue expérience technique reconnue par leurs pairs ou d’un niveau de connaissances attestées par un diplôme national. L’essentiel de leur activité consiste à évaluer le coût des sinistres automobiles. Missionnés par les compagnies d’assurances (à l’égard desquelles ils sont en principe indépendants, leur statut les assimilant à une profession libérale), ils ont pour vocation première d’estimer les devis de réparation d’un véhicule accidenté. Une base qui sert à déterminer si les travaux de remise en état peuvent être entrepris compte tenu de la valeur vénale dudit véhicule. Incidemment, ils ont aussi toute compétence pour estimer la valeur d’un véhicule neuf ou ancien à la demande d’un particulier ou d’un assureur.

Sur le marché de l’automobile de collection coexistent des «experts en automobiles» et des spécialistes plus ou moins reconnus qui se présentent comme «experts» sans justifier d’un diplôme professionnel sanctionnant leur compétence technique. Il est à noter que ces derniers ne peuvent en aucun cas utiliser le titre «d’expert en automobiles» dans le cadre de leur activité professionnelle. Leur compétence supposée du marché des voitures anciennes les prédispose plus particulièrement à proposer leurs services aux Commissaires-Priseurs, aux Douanes ou aux Tribunaux, le cas échéant.

L’expertise en «valeur agréée»

Le choix de l’expert et les critères de sélection retenus par votre Compagnie d’assurances ne sont pas sans importance, on l’a vu.

Mais, au delà, ce qui compte surtout lorsque vous souscrivez des garanties complémentaires (Vol, Incendie ou «Tous Dommages») au titre de votre contrat automobile justifiant une détermination préalable de la valeur d’indemnisation par l’expert ( celle-ci conditionnant d’ailleurs le montant de votre prime ), c’est la valeur juridique du rapport d’expertise.

Celui-ci ayant en principe valeur contractuelle, il doit servir de base d’indemnisation en cas de sinistre «total» (destruction complète du véhicule ou disparition à la suite d’un vol) ce, pendant une durée variable selon les contrats (de un à trois ans, en général).

Sur une “Big“ Healey, l’état du “squelette“ en alu est prépondérant au stade de la restauration. Un bon expert doit être à même de le contrôler sans procéder à un déshabillage intégral.
Sur une “Big“ Healey, l’état du “squelette“ en alu est prépondérant au stade de la restauration. Un bon expert doit être à même de le contrôler sans procéder à un déshabillage intégral. D.R.

Si votre véhicule est partiellement détruit (départ d’incendie, par exemple), les frais de remise en état seront pris en charge par votre Compagnie à hauteur de sa «valeur agréée». Au delà, on vous proposera de reprendre l’épave et de vous indemniser sur cette même base.

Votre contrat d’assurance doit indiquer clairement quelles sont les clauses d’indemnisation (modalités, délais, franchise, etc…) et les éventuelles exclusions de garantie (vérifiez notamment si votre véhicule ancien couvert en Vol/Incendie peut être prêté ou stationné dans la rue, la nuit : autant de «détails» qui ont leur importance pour votre assureur). Il doit également préciser si une nouvelle expertise peut être demandée après un sinistre.

A l’heure actuelle, on estime à 20 % seulement la proportion de collectionneurs ayant souscrit une garantie «Vol/Incendie» ou «Tous Dommages» en valeur agréée déterminée par expertise. Une statistique surprenante qui traduit une coupable indifférence du «milieu», l’assurance «collection» étant généralement perçue comme un dépense obligatoire et non un moyen de protéger efficacement la valeur d'une collection automobile. Certaines catastrophes naturelles ont cependant de quoi faire réfléchir les plus insouciants. On l’a récemment observé : il suffit d’un coup de vent violent pour faire céder le toit d’une grange…

Ventes aux Enchères

En droit, les Commissaires-Priseurs sont libres de désigner un expert selon leurs propres critères de choix : un spécialiste de l’automobile de collection peut ainsi être mandaté pour «expertiser» les voitures présentées dans une vente publique. Sa mission consiste, dans ce cas précis, à proposer un «prix de réserve» à chacun des vendeurs correspondant à l’état des véhicules examinés et à la situation du marché. Vis à vis du Commissaire-Priseur et des futurs adjudicataires, l’expert s’engage à garantir l’authenticité des lots présentés (un critère prédominant, s’agissant de pièces de collection) à défaut d’être tenu pour responsable de leurs vices cachés. A ce titre, les descriptions figurant dans le catalogue n’ont qu’ un caractère indicatif, les acheteurs étant censés accepter les lots «en l’état» , lesquels sont néanmoins vendus avec un rapport de contrôle technique (un «minimum» légal, en l’espèce).

Dans les ventes aux enchères, le rôle de l’expert consiste à estimer la valeur des lots présentés en fonction de leur état et des conditions du marché.
Dans les ventes aux enchères, le rôle de l’expert consiste à estimer la valeur des lots présentés en fonction de leur état et des conditions du marché. D.R.
“A vendre“ : ce coupé Type E vaut-il le détour ? Pour moins de 150 Euros, un expert pourra vous en dire plus sur l’état réel de cet exemplaire, sa valeur correspondante et le montant des travaux éventuels à effectuer.
“A vendre“ : ce coupé Type E vaut-il le détour ? Pour moins de 150 Euros, un expert pourra vous en dire plus sur l’état réel de cet exemplaire, sa valeur correspondante et le montant des travaux éventuels à effectuer. D.R.

L’expertise à la carte

En dehors de l’expertise effectuée dans le cadre d’une prise de garantie d’assurance, les particuliers sont tout à fait libres de se tourner vers l‘expert de leur choix pour faire estimer «en direct» la valeur de leur patrimoine automobile. Un procédé souvent utilisé pour essayer de négocier au mieux la revente d’un véhicule en s’appuyant sur un rapport d’expertise souvent «bienveillant» : certains experts ont en effet tendance à surestimer la valeur d’un véhicule ayant bénéficié d’une restauration en règle.

Reste à faire admettre ensuite à l’acheteur éventuel que cette valeur est justifiée, un «point de détail» que l’expert ne saurait, bien sûr, garantir. Il s’agit donc essentiellement d’un argument de vente, d’un gage de confiance permettant à l’acheteur d’en savoir plus sur le modèle proposé.

S’agissant du marché des voitures de compétition historiques (avec ou sans palmarès), l’implication de l’expert apparaît plus que précieuse, compte tenu des sommes mises en jeu (ici une Ford GT 40 vendue avec un historique “limpide“).
S’agissant du marché des voitures de compétition historiques (avec ou sans palmarès), l’implication de l’expert apparaît plus que précieuse, compte tenu des sommes mises en jeu (ici une Ford GT 40 vendue avec un historique “limpide“). D.R.

A noter qu’un expert peut également être mandaté par un particulier pour estimer un devis de restauration, se prononcer sur la qualité des travaux effectués par un professionnel en fonction du prix demandé, ou encore proposer une valeur d’estimation sur un véhicule que ce même particulier souhaiterait acquérir. Certains négociants professionnels ont coutume de faire expertiser systématiquement les véhicules qu’ils proposent à la vente dans un souci de transparence que leurs clients sont à même d’apprécier.

On le voit donc, il existe une multitude de situations justifiant l’intervention d’un expert. Reste à bien choisir l’homme de l’art. En l’espèce, la notoriété est souvent un critère de compétence. Mais il existe aussi d’excellents experts spécialisés qui exercent leurs talents en toute discrétion. A chacun sa méthode…

Combien ? comment ?

Le coût d’une expertise varie entre 120 et 150 Euros selon les experts (il n’existe aucun barême «officiel», tout au plus une fourchette recommandée par les Chambres syndicales). Certains se déplacent à domicile (à vos frais), d’autres peuvent vous donner rendez-vous dans un garage adapté où ils disposent de leurs «instruments de travail» habituels (pont élévateur, banc à rouleaux, etc…). L’expert ne procède à aucun démontage. Il «constate» et propose une valeur d’estimation après avoir effectué un examen plus ou moins approfondi du véhicule. Une expertise «sérieuse» doit au moins durer une bonne trentaine de minutes et faire l’objet d’un rapport détaillé (signé et daté) sur une page ou deux.

Ce rapport doit, en principe, présenter une description assez précise de l’état général du véhicule, authentifier son identification et proposer une valeur d’estimation «à dires d’expert». En principe, ce document engage la responsabilité de l’expert s’il s’avère que ses descriptions sont fausses et ont trompé un acheteur de bonne foi. L’expert doit également être en mesure de déceler les éventuels vices cachés et les signaler dans son rapport.

Certaines séries rares comme la Porsche Carrera RS 2,7 l revendiquent une cote en rapport avec leur pedigree.
Certaines séries rares comme la Porsche Carrera RS 2,7 l revendiquent une cote en rapport avec leur pedigree. D.R.

Quelques adresses à connaître :

- Chambre syndicale nationale des experts en automobiles de France

48 rue Losserand, 75014, Paris (Tel. 01 43 20 86 50)

- Chambre syndicale nationale des experts en automobiles et matériel industriel

14 rue Lesault, 93500, Pantin (Tel 01 49 42 11 11 )

- Jean-Michel Cérède

26, rue Feydeau, 75002, Paris (Tel. 01 42 36 59 21)

- Christian Huet (responsable d’un réseau national d’experts spécialisés)

96, rue La Fontaine, 75016, Paris (Tel. 01 45 24 45 48).

- Arnaud Séné

7, rue Edeline, 92210, Saint Cloud (Tel. 01 46 02 77 94)

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Commentaires

avatar de colodi
colodi a dit le 15-01-2012 à 15:48
ce pauvre type qui se déclare expert ferais bien de se convertir en savoyard de provence :en langage clair de sejourner a Marseille à la rue Curiol:c'est la rue des comme ils disent.cdt canela fzernand 0466800091.
avatar de dick
dick a dit le 01-08-2011 à 21:49
Bonsoir, un ami a moi a eu un accident non responsable sur sa Simca Ariane (véhicule datant des années 60). Comme il n'a pas fait passer sa carte grise en collection, l'expert lui a immobiliser son véhicule en l'obligeant de remplacer les pièces défectueuses(jantes,fusée, rotules qui se trouve sur la roue avant...) par des pièces neuve. Or, de nos jours ses pièces ne sont disponible que d'occasion. L'expert lui a signaler que si sa carte grise avait été de collection il aurait pu mettre des pièces d'occasion de très bonne état sur son véhicule. Je suis inquiet par cette décision, est ce normal qu'un véhicule de plus de trente ans (en carte grise normal)ne soit pas considérer comme un véhicule de collection, par cet expert. Monsieur Huaumé Philippe