ASTON MARTIN Vanquish 2012

Loïc Bailliard le 21/06/2012

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Face à face avec l’Aston Martin Vanquish 2012

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Qui n’aime pas les Aston ? Depuis toujours, les productions de Newport Pagnell affichent un charme, une silhouette et des performances qui les placent dans le Panthéon des sportives. Les DB4, DB5 et DB6 étaient des engins spectaculaires. La DBR1 reste aujourd’hui l’une des plus belles voitures de course jamais construites et s’habille de l’aura de sa victoire au Mans en 1959. La DB7 a sorti le constructeur de sa période la moins heureuse et redéfinit le style des sportives britanniques.

La DB9 a fait rentrer Aston dans l’ère moderne en inaugurant la nouvelle architecture VH et le nouveau site de Gaydon. La première Vanquish reste donc un engin mythique. Dernière Aston Martin de série à avoir été entièrement produite à la main dans l’usine de Newport Pagnell, elle affichait une bestialité teintée d’élégance qu’aucune Aston n’a su re-capturer depuis sa disparition en 2007. Autant dire que le choix de ce nom pour la dernière création de la marque et remplaçante de la DBS est hautement symbolique.

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La Vanquish inaugure la 4ème génération de l’architecture VH. Cette architecture, dont on parle régulièrement dans ces colonnes, quelle est-elle ? Il s’agit, pour faire simple, d’une méthode de fabrication et de partage de composants construite autour de 2 axes : le Vertical – le châssis – et l’Horizontal – les accessoires.

Le vertical repose essentiellement sur l’utilisation de pièces d’aluminium collées et boulonnées. Bon nombre d’éléments structurels arrière sont ainsi échangeables entre cabriolets V8 et V12 tandis que les museaux d’une DB9, d’une DBS, d’une Virage ou d’une Rapide restent essentiellement les mêmes. Bien entendu, l’ensemble a été lancé avec la DB9 en 2004 et a évolué depuis, aussi bien pour des questions d’ordre dynamique (l’ajout d’éléments en carbone dans la structure afin d’alléger le tout) que sécuritaire (travail sur les renforts pour crash tests, notamment avec la Rapide et l’immense ouverture latérale de son châssis nu).

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L’horizontal progresse au rythme des innovations technologiques et des avancées des fournisseurs. On peut ainsi citer en vrac les phares (passés d’éclairages traditionnels avec quelques LED sur la DB9 à du bi-xénon et des diodes en masses sur la Rapide), les freins (acier, monture aluminium, carbone céramique…), les suspensions désormais pilotées ou encore le GPS (CD et boîtier de 2 kg, carte SD pour 0,2 kg)…

L’Aston Martin Vanquish 2012 marque donc le passage à la 4ème évolution importante de cette architecture. Cette génération s’articule autour de la fibre de carbone : le « sixième élément » s’intègre encore un peu plus à la structure et, surtout, il habille pour la première fois la totalité de la voiture. Les avantages sont nombreux : Aston annonce un gain de rigidité en torsion de 30%, la fibre permet la création de formes qui auraient nécessité des heures de travail manuel avec l’aluminium (l’aileron intégré à la malle serait tout simplement impossible à réaliser et a demandé 6 mois de travail !) et elle participe à la réduction du poids de 55 kg par rapport à la DBS.

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Une progression trop limitée ?

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Alors autant aborder immédiatement le premier sujet qui fâche. Avec 1739 kg, la nouvelle Aston Martin Vanquish est lourde, très lourde. A titre de comparaison, une Ferrari F12berlinetta (qui sera, qu’Aston le veuille ou non, une concurrente directe de leur dernière création) se contente d’un petit 1525 kg !

Puisqu’on en est là, autant continuer. Sous le capot, la nouvelle Vanquish conserve le V12 de 5935 cm3 apparu pour la première fois sur la DB7 et amélioré continuellement depuis. Aston Martin explique avoir travaillé principalement sur l’écoulement de l’air pour cette dernière évolution. Mais le progrès le plus net est évidemment le passage au calage variable des soupapes qui permet d’offrir une cinquantaine de Nm supplémentaires sur l’ensemble du compte-tours. Au maximum, il annonce une puissance de 573 ch à 6 750 tr/min et 620 Nm de couple à 5 500 tr/min. Là encore, ces chiffres qui pulvérisent ceux des hypercars d’il y a 20 ans apparaissent comme un peu insuffisants face à la concurrence actuelle. La F12 annonce ainsi 740 ch et même une « simple » McLaren MP4-12C affiche 625 ch.

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Le résultat est un 0 à 100 km/h abattu en 4,1 secondes et une vitesse maximale de… 295 km/h ! Sachant que la DBS était annoncée à plus de 300 km/h, cette régression est tout simplement incompréhensible et fait de la Vanquish l’Aston la moins rapide de la gamme, aux côtés de la berline Rapide... Un chiffre hautement symbolique comme celui-ci est un « moins » très clair pour l’image de l’Aston.

Mais tout n’est pas si sombre. Le bloc a été implanté 19 mm plus bas pour répondre aux normes de protection des piétons, ce qui permet d’abaisser le centre de gravité de la voiture de 10 mm. Plus large d’une quinzaine de centimètres, la Vanquish 2012 devrait donc être rigide, bien campée sur ses Pirelli P Zero et plus agile que la DBS. Tout cela, ajouté au couple supplémentaire du moteur, devrait faire de cette nouvelle Aston une voiture très plaisante à mener fort sur petites routes. Pour autant, la marque conserve sa philosophie « GT » (qu’assument déjà les DB9 et Virage, cela dit), ce qu’affirme d’ailleurs le choix de la boîte automatique à 6 rapports ZF par rapport à la Sportshift à 7 rapports développée pour la Vantage.

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Sa vocation de GT, on la retrouve également dans l’habitacle. Proposée en 2+2 ou 2+0, la Vanquish 2012 gagne quelques centimètres au niveau de l’habitabilité et progresse surtout encore un peu au niveau du ressenti et des finitions. L’écrin dans lequel on s’installe est un parfait mélange de luxe et de sportivité, avec des surpiqûres somptueuses, des sièges semi-baquets nappés de cuir encore plus confortables qu’avant et une console centrale entièrement revue. Le fouillis de la précédente disparait ainsi au profit d’une interface maison gérée par deux molettes et des boutons tactiles. Un système aussi élégant qu’agréable à manipuler.

Bien entendu, la nouvelle Vanquish reste belle à se damner. Le travail d’évolution sur la partie arrière est une véritable réussite, alliance idéale de la sportivité et de l’élégance, et est probablement même plus réussie que la One-77 dont elle s’inspire. Les flancs creusés musclent la ligne tout en conservant l’allure typique des Aston. Mais la partie avant semble une reprise un peu convenue de la Virage et ne marque pas le pas en avant que l’on attendait. Alors oui, nos cœurs nous soufflent que rien de tout cela n’a d’importance. Mais lorsqu’on laisse la tête faire son travail, il est difficile de ne pas trouver cette nouvelle Aston insuffisante sur le papier face à ses concurrentes.

Reste désormais à savoir comment tout cela se transmettra à la route, et combien d’acheteurs seront prêts à n’écouter que leur cœur pour débourser les 251 064 € demandés.

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