Le sorcier Abarth

Préparateur-constructeur de grand talent, Carlo Abarth a, pour l'essentiel, lié son destin à Fiat.

sommaire :

ABARTH Simca

Gilles Bonnafous le 15/06/2003

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Si Fiat et Simca sont liés par une longue histoire commune depuis la création de la marque française en 1935, les premiers contacts entre Carlo Abarth et la firme de Nanterre se font sous les auspices de Rudy Hruska, un ingénieur autrichien entré au service de Pigozzi, le patron de Simca, qu'Abarth avait rencontré chez Cisitalia. En collaborant avec le Scorpion, Pigozzi cherche à profiter des retombées publicitaires qu'offrent les victoires Abarth en compétition et dont bénéficie l'ensemble de la gamme Fiat.

Carlo Abarth aux côtés de l'Abarth Simca 1300
Carlo Abarth aux côtés de l'Abarth Simca 1300 D.R
Abarth Simca 1300
Abarth Simca 1300 D.R

Ainsi naît l'Abarth Simca 1300 révélée au salon de Genève 1962. La coopération entre Simca et Abarth s'avère plus promotionnelle que réelle, et si la voiture utilise quelques éléments mécaniques adaptés de la Simca 1000 (boîte de vitesses, direction, suspension), le moteur est un pur produit Abarth. Il s'agit d'un nouveau bloc de 1288 cm3 à chambres de combustion hémisphériques et deux arbres à cames en tête, qui, gavé par deux carburateurs Weber double corps de 45, développe 125 ch à 7200 tr/mn. Très belle, l'Abarth Simca présente un dessin proche de celui des Fiat Abarth Bialbero, mais l'empattement a été allongé de neuf centimètres (2,09 mètres). Son poids plume de 630 kilos (carrosserie en aluminium) lui permet d'atteindre les 230 km/h. Le freinage est confié, cela va sans dire, à quatre disques.

Conçue pour courir, l'Abarth Simca 1300 est aussitôt engagée aux 24 Heures du Mans 1962 : Carlo Abarth n'avait jamais réuni pour l'épreuve mancelle une équipe aussi forte : trois Fiat Abarth 700 Bialbero et quatre Abarth Simca 1300 pilotées par de célèbres pilotes français des années soixante comme Henri Oreiller, de Lageneste et Rolland. Mais la seule des sept Abarth à terminer est la Simca de Dubois et Harris. La suite de la saison sera plus heureuse avec des victoires à Charade, aux 1000 Kilomètres de Paris et à Vallelunga. Une barquette à châssis tubulaire est également développée. Baptisée Abarth Simca Sport, elle reçoit un 1456 cm3 dérivé du moteur de la 1300.

Le moteur de l'Abarth Simca 1300
Le moteur de l'Abarth Simca 1300 D.R
Abarth Simca 1300
Abarth Simca 1300 D.R

Une version 1600 de l'Abarth Simca est développée, qui reçoit un nouveau moteur équipé, contrairement au 1300, du double allumage et d'un vilebrequin à cinq paliers. Il développe 155 ch à 7400 tr/mn. Mais cette voiture n'a pas d'avenir, aucune classe 1600 cm3 n'existant dans le Championnat Grand Tourisme. Elle représente une étape technique vers l'Abarth Simca 2000, révélée au salon de Genève de 1963. Extrapolation du 1600, son quatre cylindres de 1946 cm3 à deux arbres à cames en tête offre 177 ch à 6800 tr/mn, propulsant la voiture à 240 km/h. Comme sur la 1300, la lubrification se fait par carter sec. Côté transmission, on a le choix entre la boîte de vitesses Simca à quatre rapports ou la boîte Abarth à six rapports (dérivée de la précédente). La même option existe sur la 1300, toujours construite. L'embrayage (monodisque à sec) s'avère un peu délicat, tandis que le moteur se révèle très sensible aux surrégimes (la traditionnelle fragilité des moteurs Abarth).

Abarth Simca 2 litres
Abarth Simca 2 litres D.R
Abarth Simca 2 litres
Abarth Simca 2 litres D.R

La carrosserie de l'Abarth Simca 2000 est sensiblement modifiée. La poupe est allongée à des fins aérodynamiques, pour donner plus d'appui à l'essieu arrière. En même temps, une grille favorisant l'aération du moteur permet de rouler capot fermé - contrairement à toutes les berlinettes Abarth de course, qui, jusqu'alors, devaient évoluer capot entr'ouvert. Equipée d'une direction précise et d'un freinage efficace (quatre disques), la voiture affiche une légère tendance au sous-virage malgré son gros moteur placé en porte-à-faux.

En 1964, une variante plus poussée, la 2000 Corsa, est engagée dans le Championnat Grand Tourisme ainsi que dans le Championnat Européen de la Montagne. Dotée de deux carburateurs Weber double corps de 58, en lieu et place des 45 de la version de 177 ch, la voiture affiche entre 185 ch et 204 ch selon le niveau de préparation (plus de 250 km/h). Trois prises d'air ont été ajoutées à l'avant, une très large au milieu de la proue pour le radiateur d'huile et deux latérales pour le refroidissement des disques.

Abarth Simca 2000
Abarth Simca 2000 D.R
Abarth Simca 2000 Corsa, 1964
Abarth Simca 2000 Corsa, 1964 D.R

L'Abarth Simca 1300 fera une belle moisson de victoires de classe - seuls lauriers possibles en raison de sa cylindrée. Parmi les courses les plus célèbres inscrites à son palmarès, citons les 12 Heures de Sebring en 1963 (pilotée notamment par Jean Guichet et Pierre Noblet) et en 1964, les 1000 Kilomètres du Nürburgring en 1964 (Hans Hermann) et 1965, les 3 Heures de Daytona (1963), la Coupe de Paris (en 1964 avec Claude Ballot Lena), ainsi qu'Imola (Herbert Demetz) et la Targa Florio en 1965.

Abarth Simca aux 12 Heures de Sebring, 1963
Abarth Simca aux 12 Heures de Sebring, 1963 D.R
Abarth Simca 1300 aux 1000kms du Nürburgring, 1965.
Abarth Simca 1300 aux 1000kms du Nürburgring, 1965. D.R

Aux succès de classe obtenus notamment au Fribourg-Schauinsland et à la Coupe de Paris (Franco Patria), l'Abarth Simca 2000 ajoutera plusieurs victoires au scratch en 1964, dont Enna (Hans Hermann) et la course de Mendola (Herbert Demetz). Au total, la saison 1964 apportera aux Abarth Simca 1300 et 2000 pas moins de 177 victoires de classe dans les grandes épreuves et surtout de multiples succès en courses de côte (mieux adaptées vu leur brièveté). L'année suivante, Hans Hermann sera vice-champion d'Europe de la Montagne sur une 2000.

Ce palmarès aurait pu être beaucoup plus flatteur si les Abarth Simca n'avaient été affectées de défaillances récurrentes de leur boîte de vitesses (issue de la Simca 1000). Supportant mal les hautes températures, cette transmission a été leur talon d'Achille, empêchant d'exploiter tout leur potentiel.

Abarth Simca 1300 à la Targa Florio, 1965
Abarth Simca 1300 à la Targa Florio, 1965 D.R
ABARTH
D.R
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Commentaires

avatar de bicquet
bicquet a dit le 25-11-2015 à 09:14
c'était au bon vieux temps des WEBER 45DCOE qui équipaient aussi mon coupé 128 gr2 en 1976 . souvenirs souvenirs !!!