RENAULT Fluence

Vincent Desmonts le 01/01/2004

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Un concept-car qui a de l'avenir

Un coupé chez Renault, voilà qui sonne presque comme de la science fiction ! Il faut dire que ces dernières années, la marque au losange s'est davantage fait le chantre des véhicules familiaux que des voitures pour égoïstes. Si l'on excepte l'Avantime (très monospace) et les Alpine (rendons à Jean Rédélé ce qui lui revient), le dernier « vrai » coupé badgé Renault était... la Fuego. Une auto aujourd'hui largement tombée en désuétude, même si quelques passionnés tentent de lui (re)donner des lettres de noblesse.

Depuis quelques temps, cependant, le concept du coupé refait surface du côté du Technocentre. Il y eut d'abord le concept-car Talisman, présenté au Salon de Francfort en 2001. Certes, la motivation principale de ce coupé à moteur V6 était la promotion du « touch design », que l'on a retrouvé peu de temps après dans l'habitacle de la Mégane sous la forme de commandes de climatisation très intuitives et d'un levier de frein à main « aviation » devenu célèbre. Mais un prototype de salon est rarement un « coup pour rien ».

Concept-car Renault Talisman.
Concept-car Renault Talisman. Renault
Concept-car Renault Fluence
Concept-car Renault Fluence Renault

A ce titre, le concept-car Fluence marque une nouvelle étape. Par le biais de l'alliance avec Nissan, Renault peut désormais accéder à moindres frais à la belle banque d'organes du constructeur nippon, riche en moteurs six ou huit cylindres, et en plate-formes à même de les accueillir. Or, pour tout coupé qui se respecte, un beau moteur, c'est déjà le commencement du bonheur ! Chez Renault, l'idée a fait son chemin...

A tel point qu'aujourd'hui, le directeur du design, le célèbre Patrick Le Quément, en parle à mots à peine couverts : « Si nous devions lancer un coupé dans les années à venir, il ressemblerait à ceci ». Les afficionados du discours diplomatique l'auront compris, le conditionnel peut facilement être supprimé : le coupé Fluence verra le jour en série.

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Renault

Une approche radicalement différente

Renault pouvait difficilement rester sur l'échec de l'Avantime, surtout face à l'insolent succès de la Peugeot 406 Coupé, qui continue de séduire. Un succès que le Lion compte bien rééditer avec le coupé 407 sorti en 2004.

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Chat échaudé craignant l'eau froide, Renault ne risque pas de refaire le coup de la proposition « décalée » façon Avantime. Non que le « coupé-space » Matra manquait de charme (avis personnel : bien au contraire !), mais disons que son style n'était pas du goût de tout le monde... Les très longues portières à double articulation, la lunette arrière en couronne ou le popotin rebondi ne lui composaient pas un «physique facile». Sa finition médiocre et ses défauts de conception (portières lourdes, sièges durs à manipuler...) ont fini de l'achever, et par là même de sceller le sort de la division automobile de Matra : regrets éternels... Le prochain coupé Renault sera donc plus consensuel de par ses lignes, et aussi situé un peu plus bas en gamme, puisqu'il servira de pendant à la prochaine génération de Laguna. En somme, le Losange s'apprête à singer le Lion !

Voilà pour la théorie. Si, pour la pratique, il faudra encore attendre jusqu'en 2007 ou 2008, le concept-car Fluence matérialise déjà les grandes lignes du projet. Juste deux chiffres : l'Avantime mesurait 1,63 m de haut, le coupé Fluence, seulement 1,39... Tout est dit !

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Classique ? Pas tant que ça !

Les chiffres seuls ne peuvent traduire le radical changement de philosophie. L'Avantime était grand, chaleureux, spacieux, généreusement vitré. Il mettait son style au service exclusif d'une fonction : la qualité de vie à bord. Le Fluence, on l'a dit, se veut moins révolutionnaire. A première vue, il ne s'éloigne guère des codes habituels du coupé de grand tourisme. Il arbore un long capot, des passages de roues musclés, un toit rabaissé. Mais à mieux y regarder, chacun de ces traits typiques du coupé est ici détourné, transformé. Le long capot se passe de calandre et met le losange en avant, comme sur le concept-car Initiale (1995). Les passages de roues arrière aux épaules façon Schwarzenegger s'inscrivent dans le prolongement de l'élégante mais discrète ligne de flanc ondulée. Quant au toit, sa relativement faible « altitude » ne crée pas pour autant de sensation d'enfermement à bord, grâce au toit partiellement vitré. Bref : Fluence, c'est un peu le « coupé à visage humain » !

1995 concept car Initiale
1995 concept car Initiale Renault
1998 concept car Vel Satis
1998 concept car Vel Satis Renault

« Z16 (le concept car Fluence, NDLR) s'inscrit dans la troisième phase du Design Renault », explique Patrick Le Quément. «La première phase, entre 1988 et 1994, visait à la conquête d'une image d'innovation conceptuelle. Twingo et Scénic resteront les figures emblématiques de cette première étape. La deuxième phase, de 1995 à 2001, était marquée par la recherche d'une identité visuelle forte avec la contribution majeure des concept-cars Argos, Initiale, puis Vel Satis. Dans la troisième phase, entamée début 2002, nous allons vers une évolution de l'écriture stylistique avec la recherche de plus de sensualité et de charme. Wind, le petit roadster présenté au Salon de Genève en mars 2004, concrétise nos premières réflexions en la matière.» Finis donc les concepts esthétiques torturés, le «jus de crâne» de designer : avec Wind et Fluence, les stylistes Renault retournent à une élégance plus simple, à la séduction plus immédiate, mais sans pour autant tomber dans le cliché. Comme l'explique Le Quément, «Fluence est un coupé élégant, pur et racé, qui s'inscrit dans la culture de la belle carrosserie, tout en prenant ses distances par rapport aux lignes convenues du coupé traditionnel.»

2004 concept car Wind
2004 concept car Wind Renault
2004 concept car Fluence
2004 concept car Fluence Renault

Revue de détails

Fluence possède donc un fort pouvoir de séduction au premier regard, ce qui ne l'empêche pas de surprendre l'oeil et l'esprit par quelques audaces. Les optiques avant sont à diodes électro-luminescentes et s'orientent afin d'éclairer dans les virages.

La partie arrière est étonnante, avec son traitement bicolore, sa lunette en trapèze (qui a parlé de vision de trois-quarts arrière ?) et ses feux tous fins. Le hayon arrière – puisque Fluence, à la différence de ses éventuels futurs rivaux, est un coupé bicorps – possède une articulation centrale qui lui permet de « glisser » au-dessus du pavillon. Il dévoile alors, comme sur le concept-car Initiale, un coffre garni d'une ligne de bagages Vuitton assortie au style de la voiture : la grande classe !

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Dans l'habitacle, la planche de bord, dessinée comme « une feuille d'arbre pliée en deux, légèrement pincée en son centre », apparaît visuellement très légère et dégage complètement le plancher. Toutes les commandes sont regroupées par îlots fonctionnels, à la manière du sélecteur de la boîte automatique séquentielle, discrètement intégré à l'accoudoir central. Finesse aussi pour les sièges Recaro, conçus pour dégager un maximum d'espace habitable, une denrée devenue rare avec les nouvelles exigences en matière de crashs-tests. A l'arrière, de petites liseuses aux l'allures d'ampoules halogènes surgissent du pavillon.

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« InFluences certaines »

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Sous son capot, le coupé Fluence abrite le V6 3,5 litres et 280 ch de la Nissan 350Z, monté en transversal et transmettant sa puissance aux roues avant. Ainsi gréé, il pourrait affronter sans complexes la concurrence, qu'elle soit française ou étrangère. Et s'il le faut, Nissan peut fournir une plate-forme propulsion plus adaptée à un coupé haut de gamme, d'autant qu'il se chuchote que la future Vel Satis pourrait avoir des roues arrière motrices. Quelle part de Fluence se retrouvera dans la série ? «Nos concept-cars sont pour nous de véritables laboratoires d'idées, ce sont de formidables accélérateurs d'évolution», indique Patrick Le Quément. «Je peux vous assurer que cette auto aura une "inFluence" certaine sur le style de nos prochaines voitures.» Merci, Monsieur Renault...

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