Rétromobile 2005

MASERATI Boomerang

Gilles Bonnafous le 16/02/2005

Partagez

réagir

Vedette de la vente Christie's, la Maserati Boomerang est l'une des créations majeures de Giorgietto Giugiaro, élu en 2000 « Designer automobile du siècle ».

Voir plus de photos

Vedette de la vente Christie’s, la Maserati Boomerang, l’un des premiers concept cars sportifs de Giorgietto Giugiaro, apparaît comme l’une des plus importantes créations du maître turinois, élu en 2000 « Designer automobile du siècle » par un jury de 120 journalistes originaires du monde entier. Une gloire méritée, contrairement à la voiture du siècle… La Boomerang compte parmi les œuvres majeures du design automobile.

La Boomerang est le premier coup d’éclat de Giugiaro après qu’il s’est mis à son compte en 1967 et a créé sa propre entreprise, Italdesign. Révélée au salon de Turin 1971, la voiture n’est encore qu’une maquette en épowood. C’est à Genève, en mars 1972, qu’elle est présentée roulante. On se souvient de l’effet que produisit sur le public ébahi l’incroyable sculpture. Ayant accédé au rang de star, la Boomerang fera ensuite le tour des salons, Paris, Londres et Barcelone, partout admirée et célébrée pour l’audace de son style.

Giorgietto Giugiaro est alors, avec Marcello Gandini, le leader de la nouvelle école italienne du design. Influencé par l’Alfa Romeo Carabo et la Lancia Stratos Zéro de son confrère, il propose, avec la Boomerang, une interprétation extrême et provocante de la Maserati Bora, dont il est lui-même l’auteur. On ne peut qu’être saisi par le futurisme et la géométrie aiguisée de cet exceptionnel exercice de style composé en cinq trapèzes et un rectangle. Dessinant un profil inouï, la proue et le pavillon sont inscrits dans un plan englobant le pare-brise, à la stupéfiante inclinaison de 13°, et la ligne du capot. Cette silhouette en coin, qui fera école, sera reprise par Giugiaro lui-même sur la Lotus Esprit, aujourd’hui trentenaire et toujours en production, et la première Volkswagen Golf, dont on sait quel a été le destin commercial.

Installé au volant, le conducteur, allongé dans son baquet chaise longue, est frappé par la totale absence du capot dans le champ de vision. Une situation insolite qui suppose une certaine accoutumance si l’on veut faire l’économie de quelques désagréments… Le futurisme inspire tout autant l’habitacle traité en vaisseau intergalactique, à l’image du tableau de bord circulaire inscrit dans un volant réduit à sa jante. Organisé autour du compte-tours, il ignore superbement le tachymètre ! Un excellent thème de plaidoirie en cas d’excès de vitesse…

Réalisée sur la base de la Bora, première Maserati de route à moteur central arrière lancée en 1971, la Boomerang est construite sur une caisse autoportante. Elle est motorisée par le V8 4,7 litres de la marque au trident, d’abord monté sur la Ghibli et l’Indy. Avec 310 ch, la Maserati en lame de couteau file à plus de 270 km/h. A cette vitesse, le pilote peut faire confiance à la puissance des quatre freins à disque ventilés et dotés d’une assistance dérivée de la Citroën SM (Maserati appartient à l’époque au Quai de Javel). Par contre, la direction à crémaillère est dépourvue d’assistance (c’est plus prudent !).

Contrairement à ce qu’on observe aujourd’hui, il n’est pas rare qu’à l’époque, les carrossiers vendent leurs show-cars. Ainsi, après le salon de Barcelone 1974, la Boomerang restera-t-elle en Espagne, où elle sera acquise par un patron de boîte de nuit de Benidorm. Venu passer la soirée dans la discothèque, un Allemand en vacances découvre la voiture en 1980 et l’acquiert. Après avoir été restaurée cosmétiquement, elle sera présentée dans les grandes manifestations automobiles internationales. Ce sera le cas à Pebble Beach et à Bagatelle, où, en 1990, Giorgietto Giugiaro, membre du jury du concours, apposera sa signature sur la poupe.

Mise en vente par Christie’s en 2002 dans le cadre de Rétromobile et adjugée 650 000 € (sans les frais), la Boomerang part au Moyen-Orient. Son troisième propriétaire lui offre une restauration mécanique par le spécialiste anglais Paul Grist Traction Seabert, qui la remet à la route. Immatriculée, la voiture fonctionne parfaitement. Adjugée 700 000 € au marteau (sans les frais), elle a été acquise le 12 février par un collectionneur français.

S’il est une automobile qui mérite sa place dans un musée d’arts plastiques, c’est bien la Boomerang, au même titre (et largement) que la Cisitalia exposée au MOMA de New York.

voir la fiche technique

Partagez

réagir

Avis des propriétaires

Commentaires