Le Mans Classic 2002

JAGUAR Type D

Gilles Bonnafous le 21/09/2002

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Victorieuse des 24 Heures du Mans de 1955 après avoir couvert 4135 kilomètres à la moyenne record de 172 km/h, la Jaguar Type D châssis XKD 505 était l'une des vedettes du " Mans Classic ". Elle fait partie du trio de voitures à long nez engagées par l'usine Jaguar en 1955. Pilotée par l'équipage Mike Hawthorn-Ivor Bueb et portant le n°6, elle fut la seule à terminer l'épreuve : la n°8 de Norman Dewis et Don Beauman se retrouva dans le sable à la onzième heure, après que Beauman eut pris le virage de Mulsanne à trop vive allure, tandis que la n°7 de Tony Rolt et Duncan Hamilton fut arrêtée à la seizième heure pour raisons mécaniques. A l'image de toutes les voitures britanniques, elle porte son immatriculation d'origine 774 RW, ainsi qu'une plaque " garage " de l'usine Jaguar (lettres et chiffres rouges sur fond blanc).

Win Percy au volant de XKD 505
Win Percy au volant de XKD 505 Motorlegend.com
XKD 505 avec Norman Dewis, l¹ingénieur des essais Jaguar dans les années 50 (à gauche) et le père de
XKD 505 avec Norman Dewis, l¹ingénieur des essais Jaguar dans les années 50 (à gauche) et le père de Motorlegend.com

Après son triomphe sur le circuit de la Sarthe (qui offrait à la Type D sa première victoire au Mans), XKD 505 fut utilisée comme véhicule de développement par l'ingénieur en chef des essais Jaguar, Norman Dewis (présent au Mans Classic), notamment pour tenter d'adapter une suspension arrière indépendante. Mais les différentes solutions expérimentées ne donnèrent pas satisfaction. Mike Hawthorn, qui devait piloter la voiture en course, notamment à Aintree, refusa d'en prendre le volant, la jugeant dangereuse. Aux mains de Jack Fairman, XKD 505 fut ensuite gravement accidentée à Silverstone. Remisée dans un atelier de l'usine Jaguar, elle servit par la suite de gisement de pièces détachées pour d'autres Type D, qui continuaient à courir (aux mains de privés). Un destin invraisemblable pour une voiture victorieuse au Mans !

A la fin des années 70, XKD 505 fut acquise par Links Engineering et entièrement reconstruite par cet excellent spécialiste anglais de la restauration des voitures anciennes. Elle retrouva alors sa configuration d'époque avec son long nez, son pare-brise enveloppant et sa dérive arrière. Cédée ensuite à un collectionneur privé, David Lowmas, elle fut engagée dans des épreuves historiques telles que les Mille Milles et le Tour de France. Au décès de David Lowmas, à la fin des années 90, XKD 505 fut vendue aux Etats-Unis à Bill Bennie - qui était présent au Mans Classic au volant d'une Maserati 300 S. Souhaitant procéder à une nouvelle et très coûteuse acquisition, Bill Bennie la mit en vente en mai 2001. C'est alors que Nigel Webb, son actuel propriétaire, l'acheta lors d'une vente aux enchères en Angleterre - à un prix très raisonnable, la voiture étant en mauvais état.

XKD 505 a remporté le plateau 4 après avoir gagné les quatre manches.
XKD 505 a remporté le plateau 4 après avoir gagné les quatre manches. Motorlegend.com
Entièrement restaurée, XKD 505 revenait pour la 1ère fois dans la Sarthe depuis 1955.
Entièrement restaurée, XKD 505 revenait pour la 1ère fois dans la Sarthe depuis 1955. Motorlegend.com

Ancien pilote d'avion, Nigel Webb est, comme son père, un fou de Jaguar. Installée chez lui, près de l'aéroport londonien de Gatwick, sa collection de modèles de Coventry comprend, outre XKD 505, des SS 100, XK 120, Type C, Mk 7 et Type E. Au quotidien, il roule dans une XK 150 - avec laquelle il est venu au Mans Classic - particulièrement chère à son cœur. Elle lui fut offerte en 1957 par son père, qui nous a confié : " A l'époque, les jeunes gonflaient des voitures anciennes très ordinaires (Vauxhall, Ford, etc.) pour s'amuser. C'était fort dangereux, car elles n'étaient pas construites pour aller vite. J'avais peur que mon fils se blesse. C'est la raison pour laquelle je lui ai acheté cette Jaguar : s'il faisait une erreur au volant, au moins, la voiture était sûre ". Un père aussi généreux que clairvoyant !

Voulant faire courir la Type D, Nigel Webb la confie à John Pearson, un ancien complice de Jaguar et gourou des Type D, pour qu'il la restaure et la sécurise. Fort coûteux, le chantier sera achevé au début 2002. Depuis, la voiture participe avec succès au championnat BRDC (British Racing Drivers Club). A son volant, Win Percy, un ancien pilote d'usine, a pris la troisième place dans sa classe face à des voitures beaucoup plus récentes.

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