Rétromobile 2006

LANCIA Astura Pinin Farina

Gilles Bonnafous le 16/02/2006

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Une exceptionnelle Lancia Astura Pinin Farina trône sur le stand de l'étude Osenat. Si cette voiture apparaît hors du commun par son gabarit et sa ligne, elle l'est également par son histoire.

Une exceptionnelle Lancia Astura Pinin Farina trône sur le stand de l’étude Osenat, qui a inscrit la voiture à sa prochaine vente. Si cette Astura apparaît hors du commun par son gabarit et sa ligne somptueuse, elle l’est également par son histoire.

Il s’agit d’un cabriolet de parade, offert par le gouvernement de Mussolini au IIIe Reich. Notamment utilisé par Göbbels, il fait partie d’un lot de trois véhicules pratiquement identiques commandés par l’Etat italien à Pinin Farina — qui a confirmé la chose — et qui furent confiés à des dignitaires allemands. Un deuxième exemplaire serait actuellement en restauration dans une collection privée en Autriche. La troisième voiture a disparu après avoir sauté sur une mine…

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Appartenant à la quatrième série des Astura, l’Astura exposée à Rétromobile porte le numéro de châssis 41-3246 — au total, 421 Astura de quatrième série ont été construites (châssis n°41-2905 à 41-3326). Elle a été terminée en Allemagne, où ont été réalisées les finitions, dont la sellerie, comme l’attestent les inscriptions en allemand découvertes derrière les panneaux de portes. Les compas de la capote sont identiques à ceux montés sur les Mercedes.

Après la défaite allemande, l’Astura 41-3246 a été réquisitionnée en 1946 par l’armée française à Innsbrück et confiée au général Linares. Par la suite, elle sera acquise par un collectionneur français de Cholet, qui la vendra dans les années 80 à l’actuel propriétaire. Ce dernier mettra dix ans à la restaurer, la voiture se trouvant dans un état très avancé…

Haut de gamme italien de l'avant-guerre, l'Astura apparaît comme le nec plus ultra de la gamme Lancia. Ce modèle de prestige partage nombre de points communs avec la Dilambda, dont elle assure la succession.

Le non-initié échappera difficilement au piège tendu par l'architecture en V de son moteur. Grand spécialiste des mécaniques en V à faible ouverture, Lancia a monté sur l'Astura un V8 si étroit (17°30) que ses deux culasses réunies par un corps central peuvent, à des yeux non-experts, passer pour une culasse unique. Ainsi, et malgré les deux cache-culbuteurs chromés, le moteur peut être pris pour un quatre cylindres à double allumage.

Connu pour ses qualités d'endurance, ce V8 à arbre à cames en tête unique entraîné par une chaîne triple est d'abord apparu avec une cylindrée de 2605 cm3 (73 ch). Il passera ensuite à trois litres par réalésage et développera 82 ch.

L’Astura est d’abord commercialisée par l’usine en berline et limousine. C’est avec la troisième série, qui apparaît en 1933, que débute l’âge d’or des carrosseries spéciales montées sur le modèle.

Produite de 1937 à 1939, l’Astura de quatrième série reçoit un nouveau châssis de type plate-forme apparenté à celui de la petite Augusta. L’empattement est alors porté à la valeur colossale de 3,47 mètres et le modèle dispose désormais en série de freins hydrauliques assistés sur les quatre roues. La mécanique développe la même puissance de 82 ch.

Les grands maîtres de la péninsule habillent les châssis de l’Astura quatrième série de multiples et magnifiques carrosseries. Surtout Pinin Farina et Touring, qui donnent les plus purs chefs-d'œuvre du style italien des années trente. Quand ils ne tombent pas, toutefois, dans la caricature du style américain alors en vogue.

Imposante et majestueuse, l’Astura reçoit les commandes de l’Etat italien pour rejoindre le parc des voitures officielles. Des cabriolets de parade sont réalisés par Pinin Farina pour Mussolini — c’est dans l’un d’entre eux que Hitler visite Rome en 1939.

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