Salon du Cabriolet & du Coupé 2002

ASTON MARTIN DB4 GT

Gilles Bonnafous le 06/04/2002

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Voiture d'exception, l'Aston Martin DB4 GT n'appartient à aucune catégorie définie. Création originale, elle se réfère à la DB4 GT Zagato avec un réel souci d'authenticité.

Installée dans un lieu privilégié, le club VIP, la barquette Aston Martin DB4 GT de Jean-Christophe Marchand était l'une des vedettes du Salon du cabriolet et du coupé. Voiture d'exception, elle n'appartient à aucune catégorie définie. Ni voiture moderne, ni réplique d'ancienne, puisque aucun spider DB4 GT n'a jamais existé, elle représente une création originale, qui se réfère à la DB4 GT Zagato et revendique un réel souci d'authenticité. Du reste, le projet a été conduit avec la bénédiction tacite de la marque, dont plusieurs ingénieurs ont témoigné un réel intérêt pour l'entreprise. La firme n'a-t-elle pas montré l'exemple en donnant son aval, il y a une vingtaine d'années, à la réalisation de quelques répliques de DB4 GT Zagato à partir de pièces d'époque, les Sanction II.

ASTON MARTIN DB4 GT ASTON MARTIN DB4 GT

Passionné d'Aston Martin depuis des lustres et membre de l'Aston Martin Owners' Club, Jean-Christophe Marchand a possédé plusieurs modèles de Newport Pagnell. Il a gardé une V8 Vantage, achetée il y a onze ans, et dont il a fait préparer la mécanique. Dérivé des versions de course, le moteur ne développe pas moins de 480 ch. La voiture était exposée l'an dernier au Salon du cabriolet dans le cadre de la rétrospective Aston Martin.

La barquette Aston Martin DB4 GT est née d'un rêve fou. Sa genèse correspond à un phantasme, celui de recréer une voiture dans l'esprit des barquettes de course de la fin des années cinquante, les DB3S et DBR1. D'où l'idée de partir de la DB4 GT Zagato, un coupé célèbrissime à la ligne sublime, et de se projeter visuellement dans ce que pourrait être une version ouverte de la voiture. En compagnie d'un ami, Frédéric Simon, Jean-Christophe Marchand décide donc de se lancer dans cette aventure aussi exaltante que déraisonnable - y compris du point de vue financier !

Mais d'emblée, les choses se révèlent encore plus compliquées que prévu. Car les proportions d'une voiture s'avèrent très différentes selon que l'on a affaire à un coupé ou un spider. Pour rester fidèle à l'esthétique de la DB4 GT Zagato, il apparaît qu'il faut retravailler les volumes. Avec l'aide de Pierre Ménard, un excellent dessinateur automobile, le capot est allongé et le porte-à-faux arrière nettement réduit.

Une fois les lignes de la barquette figées, il restait à trouver la voiture qui subirait la transformation. Jean-Christophe Marchand souhaitait qu'elle fut contemporaine de la période de production de la DB4 GT Zagato - il y a eu des répliques de Zagato réalisées sur des châssis de DB 6, ce qui paraît quelque peu " limite ". La perle rare, une DB 4 de 1961 accidentée, est trouvée en France, à Chartres, chez Jean-Louis Hébert, qui possède un important stock Aston Martin. La carrosserie tout alu de la barquette est alors confiée à Shapecraft, un spécialiste de Northampton sous-traitant d'Aston Martin (et ancien tôlier-formeur de l'usine), qui a l'habitude de travailler sur les prototypes de Newport Pagnell.

La voiture ne dépasse pas les 1100 kilos malgré les renforts dont elle a bénéficié. Un châssis tubulaire a été ajouté, qui prend place dans les flancs, sous le tableau de bord et derrière les sièges. D'où la rigidité remarquable que dit avoir constatée sur la piste Jean-Christophe Marchand. .

Quant au moteur, il a été trouvé en Angleterre chez un marchand de pièces, qui l'avait récupéré à la suite de travaux réalisés sur la célèbre Zagato 2 VEV, dont le six cylindres avait été changé. Il s'agit donc d'un vrai bloc et d'une vraie culasse de DB4 GT. Qui plus est, ayant couru sous le capot de 2 VEV, cette mécanique possède un historique prestigieux. Afin de recouvrer sa jeunesse, elle part à Derby chez Aston Engineering, l'excellent spécialiste et préparateur de moteurs de course. Le six cylindres y est même réalésé pour passer de 3,7 litres à 4,2 litres - à l'époque une DBR2 avait couru en version 4,2 litres. Il est également préparé, notamment sa distribution. La puissance au banc s'établit ainsi à 350 ch à 6000 tr/mn, avec un couple énorme de 45 mkg. Les performances sont à la hauteur des espérances et, lors d'un test mano a mano avec une Ferrari 355, l'Aston a devancé l'Italienne.

Les organes mécaniques appartiennent pour le reste à la DB4 d'origine : boîte de vitesses à quatre rapports, pont, suspensions et disques pleins. Toutefois, pour des raisons de sécurité, une certaine liberté a été prise par rapport aux spécifications d'origine avec la pose d'étriers Girling à quatre pistons.

Tous les détails d'équipement sont conformes à la DB4 GT, notamment les instruments - dont les jauges séparées très difficiles à trouver. Les sièges recouverts de cuir Connolly ont été recréés d'après le modèle de la Zagato, même si leurs proportions ont été un peu augmentées et leur structure réalisée en inox.

Depuis son baptême, célébré en mai 2001 au terme de 18 mois de travaux, la barquette de Jean-Christophe Marchand et Frédéric Simon a parcouru 22 000 kilomètres, pas moins. C'est dire qu'il ne s'agit pas d'une voiture de démonstration, même si elle a participé à plusieurs réunions sur différents circuits. Elle est aujourd'hui reconnue au sein du club Aston Martin, qui lui a du reste décerné un trophée.

Jean-Christophe Marchand ne tarit pas d'éloges sur son enfant : " La joie de posséder une voiture construite sur mesure et selon ses désirs est unique. Et le plaisir de conduite incroyable. Sans parler de l'aventure passionnante que représente sa réalisation ".

Pour Motorlegend, Katia Valence, la décoratrice qui a réalisé le club VIP qui servait d'écrin à la voiture, a bien voulu poser au volant de la barquette Aston Martin. Pour un hommage du charme féminin à cette superbe sculpture automobile.

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