Compte rendu

Salon de Tokyo 2007

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du 27 octobre au 11 novembre 2007 Flux RSS Salon de Tokyo 2007

Serge Bellu le 08/11/2007

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L'automobile du futur sera écologique ou ne sera pas. C'est le message que les designers japonais cherchent à faire passer à travers les concepts cars qui ont fleuri au Salon de Tokyo qui se tient jusqu'au 11 novembre 2007.

L’automobile du futur sera écologique ou ne sera pas. C’est le message que les designers japonais cherchent à faire passer à travers les concepts cars qui ont fleuri au Salon de Tokyo qui se tient jusqu’au 11 novembre 2007.

C’est un truisme : tôt ou tard, l’automobile devra se passer de pétrole et des autres carburants d’origine fossile. L’automobile est toujours en première ligne des contestations malgré ses efforts d’adaptation et sa part relative dans la pollution. Il faut reconnaître que les progrès accomplis par les ingénieurs mettent de longues années avant de s’appliquer à l’ensemble du parc automobile. En outre, l’inertie est encore plus forte quand il s’agit de changer les comportements et les mentalités des hommes.

Dans le cadre du Salon de Tokyo, ouvert depuis le 27 octobre dernier, les constructeurs japonais n’ont pas hésité à faire des propositions qui remettent en cause l’utilisation conventionnelle de l’automobile. On a vu se confirmer la tendance aux véhicules motorisés, monoplaces, minimalistes qui pourraient devenir le prolongement salutaire de l’automobile dès lors que celle-ci est indésirable, en particulier en ville.

Toyota travaille dans ce sens depuis plusieurs années. L’aboutissement de ses recherches se nomme « I-Real » ; il se résume à simple fauteuil caréné, reposant sur trois roues assurant une mobilité strictement individuelle. Le Pixy de Suzuki, monoplace lui aussi, et ne mesurant que 1,30 m de long, est de la même veine. Mais comme son rayon d’action est forcément limité, ses déplacements sur les distances plus longues s’effectuent dans les entrailles d’un SSC, une sorte de camionnette qui peut transporter deux Pixy et qui fonctionne à l’hydrogène et à l’énergie solaire ! Tout cela étant bien sûr proprement (c’est le mot !) utopique.

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N’empêche que l’image traditionnelle de l’automobile vole en éclats avec des engins aux formes improbables à l’instar du Nissan Pivo 2, une bulle, rotative sur 360 degrés, ou du Toyota RiN, un cube dont la position de conduite est censée procurer la sérénité de la cérémonie du thé. Le Honda Puyo, lui, se caractérise par sa carrosserie souple qui se veut aussi douce qu’une peau ! Une attention que l’on comprend quand on sait la passion soudaine des Japonais pour les chiens !

Avec tous ces engins, les constructeurs visent la tribu des « célibataires parasites » qui se multiplient au Japon. Ces jeunes affichent leur rébellion sur leurs vêtements, chargés de grigris, et sur leurs chevelures teintes en « kinpatsu », une coloration hésitant entre blond et roux. C’est parmi eux que l’on trouve les « otaku » qui vivent repliés dans un univers de fiction, inspiré des « manga », focalisée sur l’écran de leurs ordinateurs ou de leurs consoles de jeu. Pendant les longs trajets dans le métro, ils s’isolent du monde en jouant sur leur téléphone portable. Sur les minuscules écrans défilent des jeux, des utopies, des désillusions sans doute. Beaucoup de solitude et de vide. Plus de la moitié des jeunes Japonais âgés de 20 à 35 ans sont célibataires et s’enracinent chez leurs parents.

Apathiques voire schizophrènes, ces adolescents prolongés refusent de quitter le cocon familial. Ainsi, échappent-ils aux réalités du monde du travail. Ceux qui ont un emploi peuvent consommer en toute impunité et ce pouvoir d’achat inédit n’a pas échappé aux visionnaires du marketing. L’industrie du luxe déploie des trésors de séduction et des millions d’euros pour attirer une nouvelle génération de consommateurs partagée entre crise économique et irrépressible fascination pour les marques.

Pour les plus aisés, les tentations existent encore. L’automobile n’est pas dissociable de sa dimension émotionnelle. Loin d’être frivole et futile, cet aspect est un moteur de l’industrie. Plus que tout autre objet de consommation, la voiture ne se limite à un rôle d’outil strictement fonctionnel. L’automobile du futur devra rester séduisante, par son style, sa pertinence et son dynamisme. Carlos Ghosn en personne, p.-d.g. de Nissan et de Renault a dévoilé la Nissan Skyline GT-R au style agressif échappé de l’univers des mangas. Chez Lexus, la LF-A a l’ambition de venir chasser sur les terres de l’Audi R8 ou de la Porsche 911 avec un moteur V10 ! Subaru persiste et signe dans la sportivité avec une nouvelle génération de l’Impreza WRC.

Mazda use du style futuriste et aiguisé avec le concept car Taiki aux formes organiques. Honda n’est pas en reste avec le coupé CR-Z à motorisation hybride. Chacun à leur manière, ils entretiennent le rêve.

Inopportunes, sans doute, ces créations ont au moins le mérite d’entretenir la passion dans un contexte morose qui a besoin plus que jamais d’irrationnel.

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