Rétromobile 2005

La Wimille

Gilles Bonnafous le 16/02/2005

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Bourrée d'innovations, la Wimille est la première voiture de sport moderne à moteur central arrière. Une formule dont on sait quelle sera la postérité à partir des années 60.

Imaginée pendant la guerre, la voiture conçue par Jean-Pierre Wimille apparaît comme un concentré d’innovations conceptuelles et techniques. Elles sont le fruit de l’expérience accumulée en course par le grand pilote.

Hors véhicules de compétition et si l’on excepte le roadster Mercedes 150 de 1935, la Wimille est la première voiture de sport moderne à moteur central arrière (avant le roadster Porsche de 1948). Une formule dont on sait quelle sera la postérité à partir des années 60. Loin du simple exercice de style, la Wimille constitue un véritable projet de production.

 La Wimille  La Wimille

Construit sur un châssis tubulaire, un prototype est réalisé au lendemain de la Libération. Bénéficiant d’une excellente aérodynamique (Cx de 0,23), il dispose de trois places frontales — solution qui sera reprise sur les Matra Bagheera et Murena —, d’un volant central avec le siège conducteur décalé vers l’avant, d’un vaste pare-brise panoramique et de portes et glaces cintrées mordant sur le toit.

Jean-Pierre Wimille avait prévu d’installer son propre moteur, un V6 inédit de 1,5 litre développant 70 ch. Mais cette mécanique tardant à être mise au point, le pilote devra renoncer à la fabriquer. A la place, c’est le quatre cylindres de la Traction qui est monté dans la voiture. Avec 56 ch seulement, celle-ci flirte néanmoins avec les 150 km/h grâce à son aérodynamique. La première apparition publique de la Wimille a pour cadre le GP de l’autoroute de l’Ouest en juin 1946. Son masque avant évoque les Simca Gordini que pilote le champion.

Non satisfait de cette première ébauche, Jean-Pierre Wimille décide de la construction d’un deuxième prototype, de forme plus élégante et à l’habitacle plus généreux. Sachant que Citroën refusera de lui céder ses moteurs pour une mise en production, il conclut en 1947 un accord avec Ford France. La deuxième Wimille apparaît au salon de Paris 1948, qui corrige les défauts de la première — l’empattement a été allongé et les voies élargies pour une meilleure habitabilité.

Elle comprend de nombreux éléments fournis par le constructeur, dont le V8 de 2,2 litres emprunté à la Vedette et associé à une boîte électromagnétique Cotal. Grâce à un excellent Cx, les 160 km/h sont atteints malgré la faible puissance (60 ch). Dessinée par Philippe Charbonneaux, la nouvelle carrosserie est réalisée par Faget-Varnet. Elle est désormais équipée d’un (petit) coffre à bagages et de vitres coulissantes (et non plus fixes comme précédemment).

Après la disparition accidentelle de Jean-Pierre Wimille aux essais du Grand Prix de Buenos Aires en janvier 1949, son équipe entend poursuivre l’œuvre du champion. Un troisième prototype légèrement amendé (carrosserie retouchée et raccourcie, moteur de 66 ch de la plus récente Vedette) est présenté au salon de 1950 par Faget-Varnet, qui annonce sa mise en production (quelques exemplaires seront réalisés). Hélas, Ford Detroit mettra son veto au projet, entraînant la fin des espoirs mis en cette formidable voiture.

 La Wimille  La Wimille

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