Saga Bentley

Histoire : Bentley et la compétition

Gilles Bonnafous le 07/12/2006

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Passionné de sport automobile, Walter Owen Bentley réalise aussi tout l’avantage qu’il peut tirer de la compétition pour promouvoir ses voitures. Il sait également que la course constitue le meilleur des bancs d’essai. La marque va se construire une exceptionnelle réputation grâce à ses victoires retentissantes, en particulier à Brooklands et aux 24 Heures du Mans.


Bentley

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En 1921, W.O. Bentley vient de juste de démarrer la construction de ses voitures dans ses nouveaux ateliers de Cricklewood. Sur le circuit de Brooklands, l’un des plus célèbres de Grande-Bretagne, il engage son second prototype, l’EXP2, dans le "Whitsun Junior Sprint". Ce dernier l’emporte, inaugurant une longue série de victoires. L’année suivante, John Duff pilote une 3 litres pendant 24 heures et bat 39 records à la moyenne de 140 km/h.

En 1930, deux Speed Six prennent les deux premières places dans la "Brooklands Double Twelve", une course de 24 heures disputée en deux manches de 12 heures. Et en 1932, Tim Birkin porte le record du grand circuit à 222 km/h dans sa célèbre "Blower" suralimentée.

Barnato à Brooklands en 1930
Barnato à Brooklands en 1930 Bentley

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Aux 24 Heures du Mans, Bentley triomphera à cinq reprises, une première fois en 1924 avec la 3 litres, puis quatre fois successivement en 1927 (3 litres), 1928 (4,5 litres), 1929 et 1930 (Speed Six).

Les trois derniers succès sont à mettre au crédit de Woolf Barnato. Sur le circuit de la Sarthe, les Speed Six atteignent plus de 160 km/h dans la ligne droite des Hunaudières, malgré leur gabarit et leur poids.

Le Mans, 1929
Le Mans, 1929 Bentley

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L’aventure mancelle commence en 1923, quand John Duff, sur une 3 litres non officielle, participe à la première édition de l’épreuve. La Bentley, qui est la seule machine étrangère en piste, réalise la quatrième meilleure performance. L’année suivante, Duff s’adjuge la première des cinq victoires Bentley. 1925 voit le premier engagement officiel d’une 3 litres, à laquelle s’ajoute celle de John Duff. Mais les deux voitures ne termineront pas, tout comme les quatre voitures alignées en 1926.

Bentley engage trois machines en 1927, deux trois litres et la nouvelle 4½ Litre connue sous le sobriquet de "Old Mother Gun". Elles sortiront toutes de la route, mais la 3 litres "Old Number Seven" pilotée par Dudley Benjafield, hâtivement réparée, gagnera avec plus de 300 kilomètres d’avance sur une petite Salmson. "Old Mother Gun" s’impose l’année suivante, avant le triomphe de 1929, point culminant de l’aventure sportive de la marque, qui réussit à placer quatre de ses cinq voitures aux quatre premières places ! En 1930, deux Speed Six terminent aux première et deuxième places devant deux Talbot de 2,3 litres.


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L’épopée Bentley n’aurait sans doute pas été ce qu’elle fut sans le concours d’une bande de jeunes passionnés, les "Bentley Boys". Dans les années qui suivent la Première Guerre mondiale, ces riches playboys issus de la bonne société étanchent leur soif d’aventure et leur besoin d’adrénaline dans le sport automobile.

Intrépides et souvent téméraires, ces fous de vitesse s’accordent parfaitement au caractère impétueux des grosses et vertes Bentley de Cricklewood. Woolf "Babe" Barnato et Henry "Tim" Birkin sont les plus célèbres d’entre eux.

Tim Birkin au Mans en 1930
Tim Birkin au Mans en 1930 Bentley

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Barnato a largement contribué à la légende Bentley écrite aux 24 Heures du Mans. Sur trois engagements successifs, il a remporté l’épreuve à chaque fois. Un exploit resté inédit. W.O. Bentley le considérait comme le meilleur pilote qu’il eut jamais rencontré. Un autre exploit l’a rendu célèbre, quand, en 1930, il rallia Cannes à Londres plus vite que le Train Bleu au volant d’une Speed Six.

Recherchant toujours plus de puissance et de vitesse, Henry "Tim" Birkin eut l’idée de monter des compresseurs Amherst Villiers sur les moteurs de 4,5 litres. Une initiative vivement désapprouvée par W.O. Bentley, qui la condamnait comme contraire à tous ses principes. Birkin persuada néanmoins Barnato de courir les 24 Heures du Mans avec la "Blower". Comme prédit par W.O., la voiture fut victime de sa fragilité et aucune "Blower" ne s’imposa jamais au Mans. Birkin réussit tout de même à prendre la deuxième place au Grand Prix de France 1930.


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Tim Birkin
Tim Birkin Bentley

Les exploits du Mans ont porté Bentley au firmament du sport automobile. Toutefois, la sixième victoire dans la Sarthe devra attendre le XXIe siècle. Car la course représentant une charge financière très lourde, la marque se retirera de la compétition après son rachat par Rolls-Royce.

En 2001, deux Bentley reprendront la piste des 24 Heures du Mans. Il s’agit alors de deux anciens prototypes Audi revus par les Britanniques et baptisés EXP Speed 8. Celle confiée aux mains d’Andy Wallace, Butch Leitzinger et Eric van de Poele se classera à une honorable troisième place.

Entièrement nouvelles, les deux voitures alignées en 2003 sont de vraies Bentley motorisées par un V8 de quatre litres. Qualifiée en pole position, la n°7 pilotée par Guy Smith, Tom Kristensen et Rinaldo Capello domine l’épreuve de bout en bout. La seconde Speed 8 termine à la deuxième place à un tour. 73 ans après la dernière victoire de Woolf Barnato, une Bentley venait de renouer avec la légende du Mans.

Prototype Bentley EXP Speed 8 au Mans en 2001
Prototype Bentley EXP Speed 8 au Mans en 2001 Bentley
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