Saga Alpine A 110

Depuis le 15 septembre 2001, Jean Rédélé, le père des Alpine, a donné son nom à une rue de la commune de Martin-Eglise, située à côté de Dieppe, où naquît en 1952 la première berlinette. Retour sur un modèle d'exception et une des plus belles sagas du sport automobile français.

sommaire :

Histoire : Le mythe s'écrit en bleu

Martine Rénier le 10/08/2005

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La passion de la compétition

Jean Rédélé au Rallye de Monte Carlo en 1951
Jean Rédélé au Rallye de Monte Carlo en 1951 D.R.
Jean Rédélé au rallye de Monte Carlo en 1951
Jean Rédélé au rallye de Monte Carlo en 1951 D.R.

" Vous verrez, les Alpine étonneront le monde ! ". Cette phrase prémonitoire d'Amédée Gordini en dit long sur la petite Française qui a fait trembler les Armada Porsche et Lancia et remporta le premier titre de Champion du Monde des rallyes en 1973. La Berlinette Alpine est une auto magique qui a fait de ses pilotes de véritables idoles.

De nombreuses aventures automobiles commencent dans un garage ; celle d'Alpine débute dans celui de la famille Rédélé à Dieppe (Seine Maritime).

Nous sommes en 1946, Jean Rédélé sort d'HEC, et reprend le garage Renault de son père dévasté par la guerre. Il a 24 ans. La régie Renault sort la 4 CV, un des plus grands succès automobiles de l'après guerre.

Une fois le garage familial remis sur pied Rédélé va pouvoir se consacrer à sa passion : la compétition automobile. La 4 CV sera tout naturellement sa première monture, d'abord une " normale ", ensuite une 1063. Rallye de Dieppe, Rallye de Monte Carlo… les courses se succèdent.

Jean Rédélé au rallye de Monte Carlo en 1951
Jean Rédélé au rallye de Monte Carlo en 1951 D.R.
Rédélé et Pons sur 4 cv aux Mille Miles de 1954
Rédélé et Pons sur 4 cv aux Mille Miles de 1954 D.R.

Avec son compère Pons, il court les Mille Miglia 1952. Leur avance sur l'horaire est telle que la ligne d'arrivée est déserte : les commissaires font la sieste !

Après les 24 Heures du Mans, Renault se décide enfin à ouvrir un département compétition pour faire courir la 4CV et le confie à François Landon. Il recrute aussitôt une bande d'amis, dont Rédélé et Pons.

Mais Rédélé est aussi un excellent homme d'affaires. Il rachète la licence des boîtes 5 Claude... que Renault vient de refuser. Grâce à cette transmission, les cinq 4CV engagées aux Mille Miglia 1954 se classent aux cinq premières places de leur catégorie ! Puis ce sera Liège-Rome-Liège, la Coupe des Alpes et bien d'autres succès. Jean Rédélé vient d'entrer dans le monde de la compétition par la grande porte.

Jean Rédélé rêve de devenir constructeur. Son idée? Une petite voiture légère, animée par la mécanique de la 4CV. Sa rencontre avec le designer Michelotti et le carrossier Alemano lui permettra de réaliser ce rêve. En décembre 1952, la voiture est finie et Rédélé va la chercher lui-même en compagnie de sa jeune épouse. La première "Rédélé" (qui ne s'appelle pas encore Alpine), conçue sur une plateforme de 4CV, est en aluminium (550 kg). A son volant, il remporte en 1953 le rallye de Dieppe, la coupe des Essarts et la coupe de la ville de Lisbonne.

Cette année-là, la licence de fabrication de la Rédélé Spéciale est vendue à un industriel américain qui la rebaptise "The Marquis" et l'expose au New York Motor Show 1954. Hélas, l'affaire tournera court et l'auto ne sera jamais commercialisée aux USA.

La
La D.R.

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La première Alpine : L'A106

Les trois A106 exposées au salon de Paris en 1955
Les trois A106 exposées au salon de Paris en 1955 D.R.

Rédélé n'abandonne pas son projet de réaliser une petite sportive française. Il rencontre alors les frères Chappe, carrossiers à Saint Maur, qui pratiquent le moulage en stratifié, chose rare à l'époque. Ensemble, ils réalisent un premier coach en plastique, au design " perfectible ". L'Alpine est née, ainsi baptisée en souvenir de la victoire de Jean Rédélé à la Coupe des Alpes. Le modèle s'appelle Mille Miles, avant de prendre le nom d'Alpine A106.

Au Salon de Paris 1955, l'Alpine A106 sera présentée pour la première fois au public. Trois modèles seront exposés : une bleue, une blanche et une rouge. Les intentions de Rédélé sont clairement affichées !

L'A106 reçoit le moteur 747 cm3 de la 4CV développant 21 ch, mais elle peut aussi adopter le moteur 38 ch de la 1063. Beaucoup d'éléments proviennent de la série, comme le pare-brise très arrondi qui n'est autre... qu'une lunette AR de Frégate !

Le public du salon de Paris découvre l'A106
Le public du salon de Paris découvre l'A106 D.R.
L'A106 qui remporta la victoire dans sa classe aux Mille Miles de 1956
L'A106 qui remporta la victoire dans sa classe aux Mille Miles de 1956 D.R.

La concurrence est rude, Rédélé et son équipe doivent démontrer les qualités de l'A106 ; pour cela elle fut engagée dans de nombeuses compétitions aux mains de Féret, Monraisse & Michy, au sein de l'équipe Landon. Aux Mille Miglia 1956, sous la pluie, Michy enlève la classe 750 cm3 devant une Abarth, à une moyenne de 109,6 km/h.

Dès lors, les courses se succèdent. Des Routes du Nord au Tour de France, en passant par Montlhéry, les Alpine sont partout. Et elles ont la cote d'amour auprès des spectateurs.

En 1956, apparaît un pare-brise aux angles plus vifs qui améliore la visibilité de l'A106.

En janvier 1957 Alpine lance un cabriolet, lui aussi dessiné par Michelotti, qui préfigure déjà la future Berlinette.

La plateforme de la 4CV, sérieusement renforcée, va bientôt céder la place à un châssis-poutre, plus rigide et plus léger, créé par Rédélé. A cette époque, naît la société dieppoise RDL (pour Rédélé) qui fabrique les Alpine, à raison d'une centaine d'exemplaires environ par an.

Cabriolet Michelotti de 1957
Cabriolet Michelotti de 1957 D.R.
Cabriolet Michelotti de 1957
Cabriolet Michelotti de 1957 D.R.

L' A108 : davantage de puissance

La berlinette A108 présentée au salon de Paris en 1958
La berlinette A108 présentée au salon de Paris en 1958 D.R.
Le coupé 2+2 1960
Le coupé 2+2 1960 D.R.

Courant 1958, le coach hérite du moteur de la Dauphine Gordini - apparue au salon 1957 - devenant ainsi Alpine A108 (moteur série 1080). Sa mécanique développe 37 ch (845 cm3) et même 53 ch (version 904 cm3 préparée par Mignotet). En parallèle, l'A106 reste au catalogue et se vend plutôt bien.

Le cabriolet, devenu "Coupé" au salon 1959, servira de base à la Berlinette Tour de France. Et en cours d'année, l'usine Alpine commence à monter le châssis-poutre en série.

Eté 1960, les frères Chappe dévoilent un "Coupé 2+2" aux lignes AR surprenantes, qui vient épauler le coach A106 et le cabriolet A108. En tout, Alpine propose 3 modèles et 6 moteurs au choix, accouplés à des boîtes 3, 4 ou 5 rapports. Une vraie gamme pour l'époque !

Le coupé 2+2 1961
Le coupé 2+2 1961 D.R.
Coupé Sport A108 de 1961
Coupé Sport A108 de 1961 D.R.

L'année 1960 marque la fin d'une première étape dans l'histoire d'Alpine. En 10 ans, Rédélé s'est fait connaître. Comme pilote d'abord, puis comme constructeur. Après avoir construit quelque 650 voitures, il est prêt pour passer à la vitesse supérieure.

Grâce à la compétition, les modèles évoluent. Les versions les plus pointues atteignent maintenant 70 ch en 998 cm3. Durant toute la saison 1961, Greder et Féret accumulent les victoires de classe sur l'A108.

Les choses sérieuses peuvent commencer. L'A110 est quasiment prête. La saison 1961 se termine au moment où un petit Jean-Charles vient agrandir la famille Rédélé...

Cabriolet sport 1961
Cabriolet sport 1961 D.R.
Cabriolet sport 1961
Cabriolet sport 1961 D.R.
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Commentaires

avatar de The Rogue
The Rogue a dit le 23-07-2008 à 02:45
Quand Redélé a vendu le permis à un industriel américain la suspension et le réducteur de transmission ont été mis dans un Rosier Spécial qui était avec le même magasin. La voiture existe toujours aujourd'hui et a roulé à plusieurs cours de course des Etats-Unis et s'appelle "The Rogue" Je fais des excuses parce que je ne parle pas français bien.