Alpine Berlinette A110

Si certains chef-d’œuvres naissent du jaillissement fulgurant d’un trait de génie, d’autres sont le fruit d’un zèle perfectionniste.

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ALPINE A110 1800 Groupe IV

Gilles Bonnafous le 25/11/2005

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Christian Schmaltz, directeur de Renault Histoire et Collection
Christian Schmaltz, directeur de Renault Histoire et Collection G.Bonnafous
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Cette berlinette A110 1800 Groupe IV est exceptionnelle à plus d’un titre. Il s’agit en effet d’une voiture unique construite par Alpine pour participer avec Bruno Saby au Tour de France Automobile de 1975. C’est Alain Serpaggi, champion de France des rallyes de deuxième division en 1985, qui la pilote pour nous. Il ne tarit pas d’éloges sur le comportement routier fabuleux de cette berlinette, grâce en particulier à son train arrière triangulé différent de celui des berlinettes classiques — un équipement de compétition monté sur les Sports-prototypes de l’époque.

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Pilote et metteur au point Alpine de 1975 à 1995, Alain Serpaggi connaît bien sa monture. Il a participé à l’époque à son élaboration et à sa mise au point. Le poids plume (720 kilos) de la voiture la rend particulièrement efficace. Très maniable, elle parvient sur certains circuits à tenir tête aux Porsche malgré le handicap de puissance. « Un kart à conduire par rapport aux voitures d’aujourd’hui ».

L’A110 1800 Groupe IV (numéro de châssis 20503) est motorisée par un 1800 cm3 double arbre et seize soupapes, que Renault Sport avait développé dans le cadre d’un programme moteurs réalisé par l’équipe de Bernard Dudot. Il était le seul à l’époque à bénéficier de cette définition. Une dizaine d’exemplaires en ont été construits, montés sur trois voitures : cette Alpine, une R17 et une R12. Il a existé en deux versions à carburateurs et à injection (sur la R17). Gavé par deux Weber double corps de 45 millimètres sur l’Alpine, il s’avère très linéaire, coupleux et puissant (200 ch à 8000 tr/mn).

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Suite à un problème lié aux pneumatiques, Renault n’a pu engager la voiture au Tour de France 1975. Bruno Saby participera ensuite à la Ronde Cévenole, qu’il mènera avant d’être victime d’une crevaison — les pneus, une vraie fatalité ! Il terminera troisième. Vendue à Hervé Poulain, la voiture participera à plusieurs épreuves, dont le Rallye de Touraine. Le commissaire-priseur la cédera au début des années 80 à Benny Raepers, le célèbre préparateur belge d’Alpine. Ce dernier continuera de l’aligner en course pendant plusieurs années, obtenant d’excellents résultats notamment sur les circuits de Zolder et de Spa. Après quoi, l’Alpine s’endormira au fond du garage de Benny Raepers où elle sera remisée.

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C’est en 2000 que l’Alpiniste passionné qu’est Jean-Pierre Prévost a sorti la berlinette de sa léthargie. Fasciné par la voiture, sa conception et son look particulier, il en a conduit lui-même la restauration. Cette dernière a été totale, de manière à lui restituer son état d’origine. En effet, l’Alpine avait été modifiée pour courir sur circuit (ailes élargies, roues plus grandes, etc.).

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Aujourd’hui, tout se trouve dans l’état où l’A110 est sortie des ateliers Alpine : l’habitacle avec son arceau et ses sièges, la couleur jaune 356, une teinte Renault d’époque, et la carrosserie (portes, ailes, roues de 13 pouces avec les jantes montées sur les prototypes, etc.). En particulier la partie arrière allongée de la voiture, avec l’ouverture totale du capot moteur en forme de hayon ainsi dessinée pour loger le moteur sensiblement plus haut en raison de sa culasse double arbre.

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Le 1800 cm3 a été ouvert et remonté avec les pièces d’origine. Sans ajout de composants modernes tels que les bielles en titane à titre d’exemple. Les deux Weber double corps ont été conservés (il aurait été possible d’installer l’injection), tout comme l’allumage traditionnel. Ce travail a été confié à Arthur Bozian, qui préparait à l’époque les moteurs pour Alpine et connaît bien le seize soupapes. Quant aux freins, ils ont conservé leurs flexibles et leurs disques d’origine, non ventilés, qui sont ceux de la R16.

Le Tour Auto 2005, auquel elle a pris part, a constitué la première sortie officielle de l’Alpine A110 1800 Groupe IV depuis sa renaissance.

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Commentaires

avatar de na403
na403 a dit le 22-08-2012 à 09:04
Bonjour... De part son moteur et son capot arrière, cette auto n'a subit aucune homologation... et comme vous le mentionnez, c'est un modèle unique, donc un prototype, et selon l'annexe "J" de la FIA 1975, une Groupe 5...
avatar de na403
na403 a dit le 21-08-2012 à 21:25
Ce véhicule unique, fait pour le tour auto 1975 n'est pas une Groupe 4... C'est un prototype, donc une groupe 5 (cinq)...
avatar de propulsion
propulsion a dit le 13-08-2008 à 22:02
Pour avoir vu cette auto aux boucles de Spa 2008, son punch m'a remémoré les années 72 à 76 en côte avec les évolutions moteur JRD, mignotet etc aux mains des Benacchio, Lehn, Schick, Zerbini. Les performantes gr.4, comme en 75 Jacques Henry en Rallye champ.France