Mondial de l'automobile 2006

Quel avenir pour les SUV ?

Gilles Bonnafous le 04/10/2006

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Le SUV a connu un succès foudroyant. Si ses atouts sont nombreux, il est aujourd'hui la cible de nombreuses attaques. Saura-t-il répondre au défi qui lui est lancé ?

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En 1950, les prévisionnistes imaginaient l’automobile de l’an 2000 sous la forme de voitures volant entre les gratte-ciel. Nous sommes loin aujourd’hui de ces fantasmes. Beaucoup plus prosaïque, la réalité souligne le péril de l’exercice d’anticipation. Le début du XXIe siècle est marqué par deux innovations conceptuelles : les monospaces et les SUV.

Né aux Etats-Unis, le SUV (Sports Utility Vehicle) a connu un succès foudroyant. Son éclosion mondiale a touché pratiquement tous les constructeurs et ce n’est pas un hasard si les Chinois attaquent le marché occidental avec des SUV. Le Mondial de l’Automobile en regorge. On ne saurait les énumérer, il y en a partout. La vitalité du marché ne se dément pas, comme le montre la floraison de concept cars et nouveautés présentés au Mondial : Renault Koleos, Nissan Qashqai, Ford Iosis X, Mitsubishi Outlander, Honda CRV, Subaru B9 Tribeca, BMW X3 (et bientôt X5), Mercedes Classe M… Sans parler du succès du Cayenne, qui porte la croissance de Porsche — 45% des ventes aujourd’hui. Seuls les Français sont encore absents de ce créneau à fortes marges, si ce n’est Renault indirectement à travers Nissan — PSA a annoncé un modèle de ce type dans un proche avenir.

 Quel avenir pour les SUV ?  Quel avenir pour les SUV ?

Les atouts du SUV sont nombreux. D’abord le sentiment de sécurité que confèrent sa position haute, sa large visibilité, sa transmission intégrale et ses fortes motorisations grâce auxquelles on dispose d’un couple généreux. Son aspect pratique aussi. Outre ses remarquables capacités de remorquage, le SUV offre la "logeabilité" d’un grand break, avec en plus une image de modernité branchée. Le SUV répond au besoin de rouler différemment.

Toute voiture a sa part de rêve. Celle des SUV, c’est l’évasion, l’aventure, les voyages vers des contrées exotiques et la découverte du monde. Vers un retour à la nature également, qui n’est pas loin des préoccupations écologiques — singulier paradoxe ! Une noble démarche en somme, même si elle a été dévoyée par le succès et la diffusion de masse. Ce qui a valu au SUV quelques sarcasmes, dont le fameux cliché du 4x4 qui ne connaîtra du baroud que la descente des Champs-Elysées… Mais la sous-exploitation du véhicule par son conducteur est la réalité pour nombre de voitures très performantes. Combien de propriétaires de 911 ou de Ferrari sont capables d’en tirer ce qu’elles peuvent donner ?

Plus grave, le ciel du SUV s’est récemment chargé de nuages lourds. Accusé de tous les maux, d’encombrer, d’être dangereux (en raison de son haut centre de gravité), de polluer et de gaspiller l’énergie par sa forte consommation, il est devenu la tête de Turc des écologistes relayés par quelques Tartuffe.

En réalité, le SUV ne pollue guère plus que les berlines conventionnelles de grosse cylindrée. Moins même en version diesel qu’une limousine essence et que les modèles de sport à hautes performances. La consommation, c’est d’abord le moteur. Il est des évidences utiles à rappeler.… Mais plus voyant, le SUV cristallise l’aversion que les autophobes portent à l’automobile. Plus haut, plus volumineux, son look jugé arrogant le voue aux gémonies. On n’est pas loin du délit de sale gueule. Une attitude irrationnelle qui en a fait la proie de quelques vandales fanatiques aux Etats-Unis et dans les rues de Paris.

Ces attaques sont-elles de nature à porter un coup fatal aux SUV ? Pas dans l’immédiat. Certes, il se trouve en première ligne des assauts qui visent l’automobile. Il est donc le plus concerné par l’effort, qui doit être fait sur la maîtrise de la consommation. Une impérative nécessité, surtout avec le renchérissement du prix des carburants. En particulier aux Etats-Unis, terre d’élection du SUV, qui commence à découvrir la cherté de l’énergie. On peut faire confiance aux ingénieurs pour relever le défi.

Il faut toutefois se méfier de l’amalgame. Les SUV compacts, chouchous de la clientèle féminine, représentent un fort contingent des ventes de SUV (une bonne moitié). Or ils disposent de motorisations ordinaires (diesel en Europe) et ne peuvent être accusés plus que les autres véhicules du réchauffement de la planète.

A travers sa filiale Lexus, Toyota a ouvert une voie au SUV politiquement correct grâce à une mécanique hybride. Lancé il y a deux ans, le RX 400h a évité la surtaxe française aux émissions de CO2. Même si la technologie hybride ne résout pas tous les problèmes, elle peut, notamment outre-Atlantique, préserver le futur.

L’avenir du SUV appartient peut-être à sa forme adoucie, le crossover, né des noces de la berline et du 4 x 4 de luxe (Classe R chez Mercedes, Captiva chez Chevrolet). Ce concept intermédiaire tient compte du fait que l’immense majorité des propriétaires de SUV ne les utilisent jamais en tout-terrain (de l’ordre de 5%). Moins agressif et plus « citoyen », le crossover est de nature à calmer le débat et à rallier un consensus. On pourrait même se demander s’il n’est pas, à terme, l’avenir de la berline.

En tout cas, le SUV aura, avec le monospace, considérablement influencé les voitures conventionnelles. Il a contribué à l’évolution des berlines — hors limousines statutaires comme le montre l’échec de la Vel Satis —, aujourd’hui plus hautes, plus volumineuses et dotées d’un habitacle plus généreux.

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