Porsche Boxster : évolution ou révolution ?

Tout à la fois adepte du moteur central sur le Boxster et chantre du porte-à-faux arrière avec la 911, Porsche offre deux visages bien différents de l'architecture automobile.

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Interview de Harm Lagaay

Gilles Bonnafous le 26/10/2004

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Créer simultanément deux voitures aussi différentes que possible partageant le maximum d’éléments communs tient de l’impossible. C’est pourtant le pari qu’a relevé Harm Lagaay, ancien directeur du centre de style Porsche, avec la Boxster et la 911. Rencontre avec le magicien.

En 1992, lorsque fut mis en chantier le programme commun à l’élaboration de la Boxster et au renouvellement de la 911, la gamme Porsche se composait de trois modèles, la 968, la 911 et la 928, qui n’avaient absolument aucune pièce commune. Aujourd’hui, la gamme Porsche compte toujours trois modèles – Cayenne, 911 et Boxster -, mais deux d’entre eux, la Boxster et la 911, partagent près de la moitié de leurs pièces de première importance, carrosserie avant, train directeur, tableau de bord et base moteur.


Porsche

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Deux voitures en une

“Nous aurions pu présenter la 911 avant la Boxster. Les deux voitures ont été développées en même temps. Ce sont des raisons purement commerciales et économiques qui nous ont fait choisir la Boxster en premier. Parce qu’elle représentait une nouveauté plus radicale et un enjeu plus significatif pour la marque en termes de succès.” précise Harm Lagaay. En effet, le véritable enjeu du développement de la Boxster se situe dans ce concept global, deux modèles partageant le maximum de composants, auquel est tout simplement liée la survie de la marque à l’époque. Deux objectifs ont ainsi été atteints, le premier et le plus évident, tient dans l’économie d’échelle substantielle que représente la réduction des coûts de production. Le second, moins évident, profite surtout à la Boxster qui hérite d’une technologie et d’une qualité supérieures à sa catégorie tout en la maintenant à un prix de vente plus modique que si l’on avait développé des composants spécifiques moins sophistiqués. Suspensions avant et train directeur sont en effet les mêmes que ceux de la 911, donc très largement dimensionnés pour la Boxster, ce qui, entre autres avantages, lui ouvre également des perspectives de développements supérieures à cette dernière. Un prototype presque définitif.

C’est sur un rythme particulièrement soutenu que s’est élaboré le style du Boxster. Commencée en 1992, l’exploration stylistique, menée simultanément sur la Boxster et la 911, ne dépassa pas douze mois. Aucun dessin sur ordinateur et aucune maquette au 1/5 ne furent réalisés. Au terme d’une première étape, quatre maquettes asymétriques à l’échelle 1/1, présentant huit propositions, quatre pour la Boxster et quatre pour la 911, avaient été achevées. Dans l’année, quatre autres maquettes suivirent, symétriques cette fois et toujours à l’échelle 1/1, présentant deux choix pour la Boxster et deux pour la 911. Début 1993, le style définitif des deux modèles était gelé. Un concept car baptisé Boxster fut présenté au Salon de Detroit. Ses lignes étaient déjà presque identiques au modèle de série, à quelques détails près.

Porsche 911 Carrera 4S cabriolet et Porsche Boxster
Porsche 911 Carrera 4S cabriolet et Porsche Boxster Porsche

La même mais différente

Une fois les ligne générales figées, l’affinage et la mise au point des détails débutèrent sur les deux propositions retenues. “La difficulté résidait dans le fait que deux voitures complètement distinctes auraient un avant identique. Il fallait impérativement préserver la personnalité de chacune et faire oublier cette partie commune.” Malgré un indéniable air de famille, la Boxster et la 911 sont bel et bien deux voitures à part entière. On a du mal à imaginer, à moins de les voir côte à côte, que les ailes et le capot avant des deux voitures sont parfaitement interchangeables. Les emboutis extérieurs des portières sont également identiques, mais l’intérieur et les entourages de vitres sont différents. On reconnaît bien sûr les optiques avant caractéristiques, pourtant, malgré leur ressemblance, ces deux éléments ne sont pas interchangeables. En effet si leur dessin est identique, puisqu’ils partagent la même matrice d’emboutissage, le traitement des matériaux des blocs optiques est différent sur la Boxster et sur la 911 est différent. Les phares paraissent plus clairs et offrent une apparence plus riche sur la 911 que sur la Boxster. De même le bouclier avant, plus généreux en ouïes, dictées par une demande en air plus importante sur la 911, contribue, lui aussi, à faire oublier les autres emboutis communs de la partie avant, en lui conférant une allure plus agressive qu’à la Boxster. Tout comme l’habitacle fermé et la partie arrière qui donnent à la 911 un aspect plus volumineux qu’à la Boxster. La plupart des éléments techniques du train avant et le plancher, invisibles, sont, eux, parfaitement identiques sur les deux voitures.

Porsche Boxster et Porsche 911 Carrera 4S cabriolet
Porsche Boxster et Porsche 911 Carrera 4S cabriolet Porsche

Un Boxster inspiré du Spyder

“ Le Boxster est délibérément inspiré du Spyder 550 RS. Nous ne pouvions guère toucher à l’avant en dehors du bouclier inférieur. En revanche, l’arrière nous laissait plus de liberté et nous a permis d’évoquer le Spyder 550 de 1953 avec des passages de roue arrière plus hauts que le capot moteur, typique du Spyder. L’allure générale du Boxster, dictée par la position centrale du moteur, rappelle aussi tout naturellement celle du Spyder. ” De fait le Boxster fait indéniablement penser au Spyder 550. Pour fêter le cinquantième anniversaire du Spyder 550 RS à moteur central, connue du grand public pour avoir été fatal à James Dean, Porsche avait même lancé une série limitée à 1953 exemplaires de la Boxster S – à moteur central comme la 550 – au Salon de Detroit en janvier 2004. Toujours est-il que la Boxster, un modèle particulièrement réussi, aurait pu être doté de mécaniques bien plus puissantes et se révéler supérieure à la 911 à bien des points de vue. Sa structure et la qualité de ses composants le lui permettent largement et le choix aurait été plus logique. Ce n’est pas par hasard que la Carrera GT a un moteur central. On sait que, pour des raisons commerciales, Porsche a volontairement sous-motorisé la Boxster pour ne pas décevoir les clients de la 911 bien plus nombreux que ceux d’un nouveau modèle au succès incertain. On a donc délibérément avantagé la 911.


Porsche

La nouvelle mouture de la Boxster dévoilée au dernier Mondial n’apporte rien de révolutionnaire. Toutefois, comme la nouvelle 911, de nombreux détails lui confèrent une allure plus dynamique, plus épurée. Son aérodynamique en profite, puisqu’elle passe désormais au-dessous de la barre des 0,30, et sa puissance, dans sa forme S, plafonne désormais à 280 ch.

Porsche 550 Spyder
Porsche 550 Spyder Porsche
Porsche Boxster S 50ème anniversaire
Porsche Boxster S 50ème anniversaire Porsche
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