Grand Prix de l'Age d'Or 2001

L'Age d'Or 2001 a permis aux passionnés de voir et revoir, dans le vaste espace clubs, les grands classiques de la collection, tout en découvrant quelques insolites raretés. Quant aux courses et démonstrations, elles furent passionnantes et spectaculaires.

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Dans le paddock avec l'écurie ATS

Gilles Bonnafous le 23/06/2001

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Désireux d'aller au-delà du spectacle, nous sommes allés visiter l'envers du décor du Grand Prix de l'Age d'or. Pour ce petit voyage dans le paddock, nous avons choisi de suivre, tout au long du week-end, l'écurie ATS, dont le sympathique patron est Robert Sarrailh. Passionné d'automobiles et collectionneur émérite, il est une personnalité bien connue des amateurs de voitures anciennes et de courses de VHC.

L'écurie au grand complet autour de Robert Sarrailh, Jean-Claude Andruet, David Piper et Michel Mokr
L'écurie au grand complet autour de Robert Sarrailh, Jean-Claude Andruet, David Piper et Michel Mokr Motorlegend.com
Le V8 329 c.i. de la Ford Falcon.
Le V8 329 c.i. de la Ford Falcon. Motorlegend.com

Habituée des paddocks, l'écurie ATS était venue cette année avec une Ford Falcon de 1963. Provenant des Etats-Unis, cette voiture a été préparée par Michel Mokricky et confiée au talent de Jean-Claude Andruet. Lequel n'a pas manqué de régaler les spectateurs dans les chicanes et les virages du circuit au volant de cette voiture spectaculaire. Engagée dans les deux courses GT/GTS/Tourisme de samedi et dimanche, la Falcon a également pris part à la course d'endurance de deux heures disputée le samedi en fin d'après-midi. Ajoutons - et ce n'est pas un détail - qu'elle a remporté la catégorie Tourisme de la finale GT/GTS/Tourisme courue dimanche après-midi.

Motorisée par le Ford V8 289 ci (4,7 litres), la Falcon dispose d'environ 350 ch. Il s'agit du même moteur que celui de la Cobra 289, mais dans une version moins puissante (en raison notamment de carburateurs différents). Par ailleurs, une Cobra pèse de l'ordre de 250 kilos de moins, soit un avantage considérable. Et la présence de pneus anciens, hauts et étroits, sur la Falcon ne favorise pas sa tenue de route.

Robert Sarrailh était venu avec une deuxième voiture, une Lotus Elan coupé Schetcraft de 1964. Carrossée en matière plastique, cette voiture n'a été fabriquée (en Angleterre) qu'en six exemplaires. Malheureusement, la boîte de vitesses a cassé aux essais de samedi et la Lotus n'a pu participer aux épreuves de l'Age d'or. Très vive, cette Elan a gagné de nombreuses courses à Montlhéry à la fin des années 80 et au début des années 90 (pilotée notamment par Harper).

Quant à la Cobra Daytona qui, l'an dernier, avait notamment mené la course d'endurance avant de casser près de l'arrivée, elle était restée au garage. Après avoir terminé troisième du dernier Tour Auto, elle se trouve actuellement en réparation.

Enfin, David Piper et sa célèbre Ferrari 250 LM verte, vainqueur il y a quinze jours des 24 Heures du Mans historiques, était invité par l'écurie.

Nous avons demandé à Robert Sarrailh de nous parler de la nouvelle aventure qu'il engage avec sa Ford Falcon - qui participera l'an prochain au Championnat d'Europe des voitures de Tourisme. Quant à Jean-Claude Andruet, il nous confié les impressions qu'il a retirées de la conduite de cette voiture peu facile à maîtriser.

David Piper
David Piper Motorlegend.com
La Ferrari 250 LM de David Piper sur la grille de départ de la course des Prototypes.
La Ferrari 250 LM de David Piper sur la grille de départ de la course des Prototypes. Motorlegend.com

Motorlegend : Pourquoi engager une Ford Falcon 1963 ?

Robert Sarrailh : Après la Cobra Daytona de l'an dernier, je souhaitais changer un peu de style de voiture et j'ai eu l'idée de cette berline Ford des années soixante, qui a couru à l'époque en Europe. Et je l'ai confiée à Jean-Claude Andruet, qui souhaitait revenir à la compétition à travers les courses de véhicules historiques.

Motorlegend : La voiture a été profondément remaniée.

Robert Sarrailh : Elle est apparue pour la première fois en compétition en 1998, ici à Montlhéry, où elle avait gagné la catégorie Tourisme. Mais suite à cette course, sa structure était assez altérée, car Montlhéry est un circuit très éprouvant pour les voitures. Elle a été profondément refaite et a subi une nouvelle préparation grâce à Michel Mokricky, qui a effectué un travail remarquable. Nous avons également eu le plaisir d'accueillir Alan Mann dans notre atelier, qui nous a prêté sa documentation et ses fiches techniques. Il nous a surtout donné des conseils et de nombreux tuyaux pour préparer la voiture. Mais elle a failli ne pas être prête à temps. Elle n'est sortie des chandelles que jeudi soir et est arrivée sur le circuit vendredi pour le contrôle technique.

Robert Sarrailh, Jean-Claude Andruet et Michel Mokricky.
Robert Sarrailh, Jean-Claude Andruet et Michel Mokricky. Motorlegend.com

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Motorlegend : Vous nourrissez quelques ambitions pour cette Falcon.

Robert Sarrailh : Cette année, Montlhéry est pour nous un galop d'essai. Car la voiture est destinée à courir l'an prochain le Championnat d'Europe des voitures de Tourisme. Les pilotes en seront Jean-Claude Andruet et probablement Clay Reggazzoni. Comme celui-ci est handicapé, la Falcon sera équipée d'un kit spécial regroupant toutes les commandes sur le volant.

Motorlegend : Et vous avez mis cette voiture au service d'une noble cause.

Robert Sarrailh : Oui, je soutiens la fondation Mécénat Chirurgie Cardiaque, qui a été créée par le professeur Lecat, une femme chirurgien qui opère bénévolement des enfants victimes d'insuffisance cardiaque venant de toute l'Europe. Elle consacre beaucoup de temps à cette cause et je lui tire mon chapeau. La fondation a besoin d'argent pour l'accueil des malades et la logistique. Avec d'autres grandes entreprises comme Air France, ATS participe à son financement. J'ai demandé à Jean-Claude Andruet s'il voulait participer à cette œuvre et il a accepté. C'est la raison pour laquelle sa combinaison porte des cœurs rouges, qui sont le logo de la fondation. La notoriété d'un grand pilote comme Jean-Claude doit permettre de mieux faire connaître cette fondation.

Motorlegend : Jean-Claude, j'imagine que le pilotage de cette Falcon doit être assez physique…

Jean-Claude Andruet : Effectivement. C'est une voiture puissante, pas facile à piloter ici. Son comportement requiert beaucoup d'expérience. C'est une machine à ne pas mettre entre toutes les mains !

Motorlegend : D'autant que la voiture n'était pas parfaitement réglée.

Jean-Claude Andruet : C'est vrai. Elle n'était pas vraiment réglée. Par manque de temps, nous n'avons pu tourner avant de l'engager ici. Cette Falcon a donc une importante marge de progression devant elle. Bien réglée, elle pourra sans doute gagner plusieurs secondes sur un tour. Le manque de mise au pont se ressentait sur la tenue de route et l'amortissement. Il a même fallu emprunter du matériel au dernier moment, notamment en ce qui concerne le système de freinage. Malgré cela, elle a tenu, bien que Montlhéry soit une course très dure. Rien n'a failli sur les quatre épreuves auxquelles elle a pris part au cours du week-end.

Motorlegend : Vous vous plaigniez aussi de la boîte de vitesses…

Jean-Claude Andruet : Nous n'étions pas très bien au niveau de la boîte. Elle était trop longue, ce qui m'a handicapé dans les reprises de virages serrés. Avec un couple plus court, on aurait gagné de précieuses secondes.


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Interview de Jean-Claude Andruet

Motorlegend : Quel est votre sentiment sur la course d'endurance de samedi soir ?

Jean-Claude Andruet : Nous avons terminé la course, ce qui est déjà bien car Montlhéry est un circuit de freinage. Or la Falcon est une grosse voiture, assez lourde, qui met les freins à rude épreuve. Il a fallu gérer le freinage pour tenir les deux heures de la course.

Jean-Claude Andruet et la Ford Falcon de l'Ecurie ATS.
Jean-Claude Andruet et la Ford Falcon de l'Ecurie ATS. Motorlegend.com
Jean-Claude Andruet et la Ford Falcon portent les couleurs du Mécénat Chirurgie Cardiaque.
Jean-Claude Andruet et la Ford Falcon portent les couleurs du Mécénat Chirurgie Cardiaque. Motorlegend.com

Motorlegend : Mais vous avez terminé le week-end en remportant la catégorie Tourisme de la finale GT/GTS/Tourisme !

Jean-Claude Andruet : Pour la finale de dimanche après-midi, nous avons posé des plaquettes neuves. Le freinage était beaucoup plus sain par rapport aux courses précédentes. J'ai pu attaquer davantage au freinage. J'avais deux voitures potentiellement plus performantes, une Lotus Seven et une Austin Healey. Elles étaient devant moi dans les courses précédentes. Je voulais absolument les battre. Finalement, je suis parvenu à les distancer nettement. Pour cela, j'ai modifié certaines choses dans la manière d'aborder deux difficultés du circuit. Et cela a fait la différence.

Motorlegend : Vous pouvez nous en dire plus ?

Jean-Claude Andruet : Disons que j'ai modifié ma façon de faire. C'est l'expérience, le métier qui ont parlé… Je retire beaucoup de satisfaction de ce week-end, car la finale était le challenge que je m'étais fixé. J'ai pris beaucoup de plaisir. Mais j'avais une grosse envie de gagner !

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