Essai MORGAN Three Wheeler

Jean-François Destin le 06/02/2012

Trois roues, un châssis acier, une structure en bois, une coque en aluminium et un bicylindre Harley de 120 chevaux en guise de fronton : tel est le cocktail détonant du Three Wheeler de Morgan. Un véritable retour aux sources.

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Présentation

Connue et réputée pour ses modèles néo-rétro, la petite firme britannique Morgan a été entre 1910 et 1935 le plus important fabricant de cycle-cars à 3 roues. C'était à l'époque le moyen le plus économique de circuler avec un véhicule à moteur.

Aujourd'hui le Three Wheeler (3.22m de long pour 490 kilos) reprend le même concept pour devenir l'engin le plus original et glamour de la planète mais aussi le plus rare. Seulement 300 Three Wheeler sortiront chaque année de l'usine Morgan de Worcestershire alors que 700 commandes avaient été prises peu après sa présentation au Salon de Genève 2011.

En France, Pierre-Henri Mahul, l'importateur, annonce déjà un délai de livraison d'un an. La diffusion de son prix (39.500 € en version Sport et 44.000 € en Exclusive) n'a pas ralenti l'ardeur des acheteurs.

C'est d'autant plus surprenant que comme les Morgan à 4 roues, le Three-Wheeler s'avère ultra-basique et totalement dépourvu d'éléments de confort moderne. Pire, par mauvais temps, il n'offre aucune protection et exige une tenue de motard.

La compensation tient aux sensations grisantes d'un véhicule unique s'apparentant tout à la fois à une monoplace, un trike et une moto. Sans parler du son Harley qui fait tourner les têtes.

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Design extérieur et intérieur

Qu'il s'agisse des modèles du début du siècle initiés par Harry Morgan, du Honda JZR des années 70 (à notre avis le plus réussi esthétiquement) ou du nouveau Morgan Three Wheeler, tous les cycle-cars adoptent la même silhouette dictée par les deux grandes roues étroites devant et un pneu large derrière. L'implantation étrange du moteur devant le capot avant est incontournable tout comme le carénage arrière en pointe. Les échappements courant le long des flancs expliquent aussi l'absence de portières. Pas de place non plus pour une capote ou un toit amovible.

Avec ce trois roues, Morgan entretient à merveille le néo-rétro, une tendance sur laquelle la marque surfe avec succès depuis des décennies. Avec ses phares indépendants et ses roues avant assorties de garde-boue, le Three Wheeler symbolise plus le rétro que le néo au point que les témoins de notre essai nous demandaient chaque fois l'âge de cette vieillerie en apparence si bien restaurée !

L'habitacle très restreint n'accueille que deux personnes sveltes. Avec une largeur de 1.72m, on ne fait pas de miracle. A bord, l'équipement, minimaliste à l'extrême, réunit deux sièges étroits revêtus de cuir, un volant 3 branches (mais à la jante revêtue de cuir) et une minuscule planche de bord verticale supportant deux cadrans (compteur et compte-tours), quatre leviers à l'ancienne et un bouton de démarrage sous gâchette. On est à des années-lumière de nos voitures investies d'électronique et de commandes informatisées. Une vraie récréation et une grande bouffée d'oxygène !

Notre modèle d'essai en finition "Exclusive" bénéficiait du Pack Chrome visible sur les lignes d'échappement, les arceaux et le moteur. Des milliers de mariages de couleur de la carrosserie et du cuir des sièges sont possibles. Pour rendre son Three Wheeler presque unique, on peut y ajouter en option d'extraordinaires "Graphics Pack" à découvrir sur www.morgan3wheeler.co.uk. Dommage que pour notre vidéo, nous n'ayons pu bénéficier de l'association du shark nose (comme sur les Spitfire de la dernière Guerre Mondiale) et du sigle MOG de la British Airforce. De quoi faire craquer n'importer quel réfractaire à l'automobile.

Châssis et moteur

Châssis tubulaire en acier, structure en bois de frêne et coque en aluminium : le Three Wheeler repose sur les bonnes recettes du passé. En revanche, la suspension fait appel à l'avant à une combinaison moderne à double triangles superposés et ressorts/amortisseurs. A l'arrière, des bras oscillant font l'affaire comme sur une moto.

Le Three Wheeler est animé d'un bicylindre Harley Davidson 1800 réalésé à 1990 cm3 pour délivrer 120 chevaux. Ce travail a été confié à la société S&S, le préparateur attitré de la mythique firme américaine de motos. Il est associé à une excellente boite mécanique à 5 rapports d'origine Mazda.

La transmission à la roue arrière est assurée par un arbre de transmission et une courroie crantée.

Sous le capot avant sont abrités un réservoir d'huile et la batterie. Compte tenu de l'encombrement de la roue arrière, la poupe ne contient que le tonneau-cover et un nécessaire anti-crevaison. A la rigueur on peut y remiser un petit porte-document ou une parka.

Au volant

Sans portières, le Three Wheeler s'apparente à une monoplace et s'installer derrière le volant réclame de la souplesse et de la patience. Une jambe puis l'autre, on parvient à glisser ses pieds jusqu'au pédalier, le seul élément réglable pour affiner la position de conduite. Vues les dimensions réduites du siège, on se retrouve coincé contre le flanc gauche, la seule solution étant de garder un coude dehors en l'appuyant sur le rebord. Pour mettre la ceinture de sécurité, unique équipement de sécurité, il faut soulever les fesses du siège et avec la main droite parvenir non sans mal à introduire la boucle dans la fente. Ouf on y est.

La suite est plus ludique avec la clé de contact traditionnelle et un bouton de démarreur caché sous une gâchette comme sur un avion de combat. Il ne va pas envoyer de missile mais réveiller le gros bicylindre Harley Davidson un peu récalcitrant. A froid, pas de problème, à chaud, c'est une autre histoire et plus d'une fois, nous avons craint de vider la batterie avant de démarrer. Mais voila qu'il tonne, enchaîne son caractéristique martellement en transmettant à la coque d'impressionnantes vibrations. Roulant à ciel ouvert et à peine protégé par deux petits saute-vent, on est aux premières loges pour profiter des émissions sonores des deux échappements latéraux (attention aux brûlures en montant ou descendant de la voiture).

Bien aidé par la transmission à 5 rapports Mazda, le bicylindre pousse fort sans pour autant procurer une poussée spectaculaire. En régulant à 5000 tours, il oblige à jouer en permanence de la commande de boite (précise et nette) et de la pédale d'embrayage très virile. Tout le contraire de la pédale de frein à la course bien longue donnant l'impression que le Cyclecar ne va pas s'arrêter. Certes, l'engin reste en dessous des 500 kilos mais il faut un mollet prêt à bondir en cas de ralentissement d'urgence. Quant au confort de suspension, il s'apparente à celui d'un kart. Supportable sur l'autoroute ou une nationale bien revêtue. Violent et intraitable sur les départementales très dégradées empruntées lors de notre vidéo.

J'ai gardé le meilleur pour la fin à savoir l'adhérence parfois surprenante de l'unique grosse roues arrière invisible parce que entièrement carrossée. Si elle assure une tenue en cap étonnante sur l'autoroute même à 140 km/h (la vitesse de pointe plafonne à 185 km/h), elle réclame une surveillance constante partout ailleurs. Il faut apprendre à composer avec un embrayage manquant de progressivité. Si le gros couple du bicylindre Harley déboule trop vite, la glisse est immédiate et aucun ESP n'est la pour vous aider. Comme je l'exprime dans notre vidéo, le Three Wheeler, comme tous les café-racer, est enchanteur aux allures touristiques. A l'attaque, il vaudra mieux évoluer sur un circuit fermé.

Un mot enfin sur la direction dépourvue évidemment d'assistance. Les dimensions des grandes roues étroites ne réclament aucun effort particulier en mouvement. En revanche faire un créneau s'avère très physique d'autant que le diamètre de braquage de 15 mètres bat tous les records ! Compte tenu de l'emplacement des échappements, il était impossible d'orienter davantage les roues.

Incroyable paradoxe, cette avalanche d'inconvénients n'altère en rien le plaisir de pilotage d'un tel engin à rapprocher de celui d'une moto de grosse cylindrée. Sans capote ni toit, rouler sous la pluie impose une tenue étanche et un casque intégral (A l'arrêt, un tonneau-cover abrite l'habitacle une fois le volant enlevé).

Chez Morgan France, on a constaté que les premières commandes émanent de motards, de possesseurs de Catheram, Donkervoort et autre Lotus Seven, les autres, souvent collectionneurs de leur état, étant attirés par le côté "collector" et insolite de l'engin.

À retenir

quoteEn vendant pendant 25 ans ses cycle-car au début de son histoire, Morgan avait fait des émules. On vit apparaître en Angleterre les Lomax (avec un moteur de Citroën 2CV), Triking et autres Pembleton, certains livrés en kit devant être montés par l'acheteur. Par la suite, Honda dans les années 70 a cédé à la tentation 3 roues avec un craquant JZR Trike animé d'un bicylindre de moto. Un modèle rare qui, entre parenthèse, a trouvé preneur à 16000 € lors de la vente Artcurial Motors à Paris en octobre dernier. Avec son Three Wheeler, Morgan a ravivé ce concept délaissé et tissé un lien avec ses débuts. Une idée inspirée dans la lignée des Morgan 4 roues dont la demande ne s'est jamais démentie malgré la crise. A n'en pas douter, la marque britannique va cartonner malgré des prix presque indécents oscillants entre 39.500 et 44.000 €.
points fortsOriginalité du concept, sensations de conduite, caractère sportif, rareté du produit, valeur de revente assurée.
points faiblesConfort de suspension, vibrations moteur, freinage, diamètre de braquage, position de conduite, protection en cas de mauvais temps, sécurité passive, prix.
13.8

20
Les chiffres
Prix 2011 : 44 000 €
Puissance : 115 ch
0 à 100km/h : 5s
Notre avis
Note de coeur : 16/20
Agrément de conduite
  • Accélération
  • Reprises
  • Direction
  • Agilité du châssis
  • Position de conduite
  • Commande de boîte
  • Etagement de la boîte
:
13/20
Sécurité active et passive
  • Adhérence
  • Freinage
  • Equipements de
    sécurité
:
10/20
Confort et vie à bord
  • Habitabilité
  • Volume du coffre
  • Visibilité
  • Espaces de rangement
  • Confort de suspension
  • Confort des sièges
  • Insonorisation
  • Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
:
8/20
Budget
  • Rapport prix/prestations
  • Tarif des options
  • Consommation
:
12/20

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Commentaires

avatar de Dartagnan
Dartagnan a dit le 11-02-2012 à 15:55
bravo Morgan bonne idée, contrairement à la +8 avec le moteur GM... je vous parle, en tant qu'ancien concessionnaire Morgan, à Boston, les vraies auto, avec le moteur 1600Cortina GT, où le TR4, TR6, c'étaient des bonnes bagnoles.. je me souviens , 1965, une cliente, au postérieur imposant, se plaignait constamment de la dureté de son siege! je lui ai conseillé de s'assoir sur un oreiller! le tour était joué!!
avatar de tonton moustache
tonton moustache a dit le 11-02-2012 à 12:52
Il a une gueule d'enfer et harnaché avec serre-tête et lunettes aviateur on retourne loin derriere.A proscrire autoroute et nationales.Il y a des routes paradisiaques pour s'amuser avec un tel jouet. Je veux bien remettre mes culottes courtes et glisser dans mes poches un sac de billes et quelques Dinky Toys. C'est décidé! Dés que je mets la main sur ma tirelire, j'y mets des sous pour mon futur Three Wheeler...et je monte un attelage à mon +8 . En attendant merci Monsieur Morgan de continuer à nous faire rêver.