Essai JAGUAR XF SV8

Jean-François Destin le 25/03/2008

Remplaçante de la S-Type au style néo-rétro, la nouvelle Jaguar XF rompt avec le passé tant par sa ligne aux allures de coupé que par son contenu technologique.

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Présentation

Voici quelques jours était annoncée la vente de Jaguar et Land Rover au groupe indien Tata. Contre 2,3 milliards de dollars, Ford s'est séparé de ces deux marques de luxe au moment où Jaguar, en grande difficulté financière, tente de rebondir en lançant la nouvelle XF.

Remplaçante de la S-Type au style néo-rétro, la nouvelle berline rompt avec le passé tant par sa ligne aux allures de coupé que par son contenu technologique. Avec ses 4.96m, cette berline cossue et soigneusement fabriquée marque la volonté du constructeur de creuser exclusivement le sillon du haut de gamme sportif, la X-Type de base - une erreur reconnaît t-on en Angleterre -, n'étant pas remplacée.

Il appartiendra aux indiens (quelle ironie de l'histoire !) de confirmer la stratégie de la dernière chance de ce fleuron de l'industrie britannique. Pour l'heure, la XF réunit des atouts susceptibles de séduire les américains et les européens.

Avec ses yeux de félin, son profil fluide et ascendant et son arrière conventionnel mais dynamique, la nouvelle Jag va faire battre les cœurs. A l'image de ce bouton de démarrage stop/start dont le clignotement rouge symbolise les pulsations cardiaques du fauve au repos. Résolument moderne et high-tech, la planche de bord innove autour d'une molette de commande de boite automatique en alu.

Héritant d'une structure rigidifiée par 25 variétés d'acier, la XF assure à haute vitesse en alliant agilité, rigueur de comportement et confort. Y compris pour la SV8 4.2l à compresseur de 416 chevaux nantie en série de l'amortissement piloté CATS. Un "plus" de cette version de pointe capable de taper le 250 km/h et de franchir les 100 km/h en 5,4 secondes.

La Jaguar XF sera appréciée en France en diesel 6 cylindres 2.7l de 207 ch (moteur PSA/Ford) mais disponible aussi en V6 3l de 238 ch et en V8 4.2l atmo de 298 ch. Prix : de 48.900 € à 81.100 €.

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Design

Ian Callum, le directeur du bureau de style de Jaguar Cars avait pour mission de rompre avec le néo-rétro ambiant et de définir les premiers traits d'une nouvelle signature visuelle de la marque. Vaste programme. Mais le résultat est à la hauteur de sa longue réflexion.

Déjà décalé sur les récents coupés XK, le regard du fauve trouve ici son expression la plus féline par un subtile dessin effilé des optiques débordant à la pointe des ailes avant. A l'extrémité du capot savamment nervuré trône une grille de calandre que l'on espère cette fois pérenne. Une deuxième grille au centre de la jupe avant se trouve encadrée par deux prises d'air traversées par une lame chromée du meilleur effet.

L'arrière, plus conventionnel et moins haut de gamme, pourrait, sans le Jaguar bondissant sur la malle, appartenir à n'importe quelle berline d'un constructeur généraliste du nord de l'Europe. Le sachant, Ian Callum a cru bon de joindre les feux par un bandeau chromé frappé des 6 lettres formant le mot Jaguar.

Le designer se rattrape cependant sur le profil. Plus longue que la S-Type (+6cm) mais aussi nettement plus large et plus haute, la XF arbore en effet la silhouette fluide (CX de 0,29) et dynamique d'un coupé haut de gamme, les énormes jantes de 20 pouces équipées de Pirelli P Zero contribuant à l'agressivité de la bête.

Ce choix flatteur à l'œil altère malheureusement la visibilité notamment au niveau ¾ arrière. Pour y remédier, Jaguar propose en option à 1185 € le Pack Rétroviseur intégrant le système de surveillance anti-angle mort.

Habitacle

En augmentation nette par rapport à celle de la S-Type, les dimensions de la Jaguar XF profitent davantage au coffre qu'aux places arrière. Certes, l'aisance "aux coudes" liée aux 5 cm de plus en largeur est évidente (sans pour autant permettre l'installation confortable d'un 5ème passager au centre de la banquette arrière) mais la place gagnée au niveau des jambes reste insuffisante. On fait beaucoup mieux ailleurs.

Jaguar se fait pardonner par une présentation intérieure luxueuse, conviviale, raffinée et innovante. Montés plus bas pour éviter aux personnes de grande taille de toucher le pavillon, les sièges reçoivent une sellerie cuir de qualité agrémentée de piqûres aux couleurs décalées. Un peu plats, ils manquent de soutien latéral lorsque la cadence s'accélère. En revanche leurs multiples réglages sur la SV8 facilitent la bonne position au volant.

La planche de bord montre que Jaguar a voulu choyer ses clients en peaufinant le moindre détail. De très belle qualité (visuelle et tactile), le bois précieux (noyer clair, loupe de noyer et chêne foncé en fonction des finitions) s'efface un peu au profit du chrome, de l'alu brossé et de quelques plastiques très flatteurs. Le tout assemblé au millimètre. Sobre, fonctionnel (une lumière bleutée reposante éclaire les cadrans de nuit), ce cockpit moderne se prolonge entre les sièges avant par une (trop?) large console. Elle sépare nettement le pilote de sa passagère mais reçoit trois porte gobelet (les américains vont applaudir) et surtout l'insolite commande de la boite automatique.

Elle ressemble à s'y méprendre à la souris I-Drive de BMW mais ne sert pas à paramétrer les réglages en tous genres. En la tournant, on se cale sur les positions traditionnelles d'une boite auto sachant qu'une position S (Sport) permet d'accéder aux palettes au volant. De quoi s'amuser en changeant encore plus rapidement les 6 rapports.

Enfin, la Jaguar XF offre plusieurs rangements intelligents (avec prise I-Pod et 12 volts sous l'accoudoir) et une boite à gants s'ouvrant par effleurement d'une discrète commande incrustée dans le bandeau en bois.

Châssis

Chez Jaguar, le rapport confort/comportement routier a toujours constitué une priorité. A cet égard, la S-Type ne déméritait pas. On retrouve l'essentiel de son châssis et de ses trains roulants à ceci près que la structure fait appel à 25 sortes d'acier mince à haute élasticité, l'aluminium plus léger mais jugé trop cher étant réservé aux suspensions (triangles transversaux double à l'avant et essieu multi-bras à l'arrière). De son gabarit plus important découlent des voies élargies offrant une excellente assise sur la route.

Notre SV8 d'essai était équipée de belles jantes de 20 pouces chaussées de Pirelli P Zero de 255/35 à l'avant et 285/30 à l'arrière. Ces gros pneus impliquent obligatoirement la roue de secours galette sous le plancher d'un coffre dont la capacité est ramenée de 540 à 500 dm3. Sur les autres modèles XF avec jantes de 18 ou 19, un kit de réparation remplace la roue de secours galette.

La SV8 est équipée en série du système CATS (Suspension active à gestion électronique). L'amortissement automatique dépend du style de conduite et de l'état de la route, sachant que le logiciel recherche constamment la meilleure adéquation tenue de route/confort. Le pilote n'a jamais à intervenir. En revanche, il peut en appuyant sur deux touches supprimer partiellement ou totalement le DSC autrement dit le système de contrôle dynamique de stabilité.

Un vrai plus qui devrait être proposé en option sur les autres modèles. Outre le répartiteur électronique de freinage et le correcteur de pression lors des freinages en courbe, la XF bénéficie de l'aide au freinage d'urgence et du système de nettoyage automatique des disques avant la phase de freinage.

Moteur

Notre premier essai XF a concerné exclusivement la version SV8 équipée du V8 4.2 compressé de 416 chevaux. Il dérive de celui de la S-Type mais gagne 21 chevaux (416 contre 395) et 19 Nm (560 contre 541). Les performances sont à peine améliorées : 5,4 contre 5,6 au 0 à 100 km/h en raison des 100 kilos supplémentaires. Un embonpoint qui plombe un peu la consommation (entre 15 et 18 litres selon la conduite). Emettant un joli bruit, il semble plus mélodieux à l'extérieur qu'à l'intérieur, le compresseur se faisant très discret.

Jaguar France estime pouvoir écouler 20 % des XF en SV8. Dix pour cent auront trait aux versions intermédiaires abritant le 3l V6 de 238 ch et le 4.2l atmosphérique de 298 ch. Tout le reste roulera au gazole avec le 2.7l biturbo de 207 chevaux et 435 Nm concocté par Ford et PSA. Un moteur connu pour son silence de fonctionnement, son absence de vibrations mais aussi sa vigueur à bas et moyens régimes. Il a évidemment fort à faire pour mouvoir les 1890 kilos mais profite du bon étagement de la boite automatique ZF à 6 rapports. Signalons enfin sa sobriété (7,5l en mixte et de 9 à 13 litres en réel).

Sur la route

A bord de la XF, le spectacle commence avec le réveil du fauve ponctué par les pulsations rouges du bouton stop/start. S'ensuit le premier râle du V8 compressé puis le basculement des buses de ventilation et l'apparition de la molette de la boite. Une commande innovante mais qui nécessite un temps d'adaptation et se révèle agréable à regarder mais pas vraiment plus commode. Pour démarrer, il faut notamment la fixer pour être sur de se caler sur D et non sur R ou N.

Dès les premiers tours de roues, la SV8 piaffe d'impatience et la moindre accélération décolle la voiture du point zéro avec une certaine brutalité. Cet à coups contraste avec la douceur de changements de rapport d'une boite automatique ZF bien étagée. La direction elle aussi paraît aussi un peu trop démultipliée mais à l'usage, on sent bien vivre le train avant.

Très silencieuse et douce à piloter, la Jaguar XF sait aussi préserver ses occupants, l'amortissement piloté CATS s'adaptant à merveille aux revêtements les plus variés. Sur autoroute, le fauve fait parler sa musculature et très vite, il faut relever le pied sous peine d'atteindre des vitesses de passages inavouables.

Maniable, vive et enjouée, la Jaguar XF SV8 fait oublier son poids et le tracé sinueux d'une départementale déserte invite à l'emploi des palettes au volant. Il suffit d'ailleurs d'appuyer sur l'une d'entre elles (sans passer par S avec la molette) pour passer en mode manuel. Dépourvu de tout roulis excessif, la XF se laisse bousculer sans rechigner mais gare à la consommation qui grimpe très vite au delà des 18 litres !

Très polyvalent, le fauve redevient un gros matou ronronnant au sein du trafic. Un bilan donc très positif sachant que le V8 compressé ne s'impose pas. Nous aurons l'occasion de nous exprimer dans quelques semaines sur les prestations offertes par la version diesel 2.7 biturbo.

À retenir

quoteDans un sursaut très inspiré, Jaguar réalise avec la XF un parcours sans faute. Elle initie un nouveau style et les fondamentaux (tenue de route, direction, freinage, confort) sont au rendez-vous de même qu'une qualité de fabrication en nette hausse. Elle dispose de tous les atouts pour rafler des clients aux spécialistes allemands et séduire ceux des généralistes. Reste à savoir ce qu'en fera Tata, le nouveau propriétaire, dont la priorité va sûrement concerner un retour à l'équilibre financier.
points fortsSilhouette, qualité de fabrication, finition, comportement routier, confort, sécurité passive, garantie 3 ans.
points faiblesHabitabilité arrière décevante, poids élevé, consommation (SV8), sièges manquant de maintien latéral, prix très excessif (SV8), un seul diesel.
14.8

20
Les chiffres
Prix 2008 : 81 100 €
Puissance : 416 ch
0 à 100km/h : 5.4s
Conso mixte : 12.6 l/100 km
Emission de CO2 : 299 g/km
Notre avis
Agrément de conduite
  • Accélération
  • Reprises
  • Direction
  • Agilité du châssis
  • Position de conduite
  • Commande de boîte
  • Etagement de la boîte
:
15/20
Sécurité active et passive
  • Adhérence
  • Freinage
  • Equipements de
    sécurité
:
17/20
Confort et vie à bord
  • Habitabilité
  • Volume du coffre
  • Visibilité
  • Espaces de rangement
  • Confort de suspension
  • Confort des sièges
  • Insonorisation
  • Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
:
14/20
Budget
  • Rapport prix/prestations
  • Tarif des options
  • Consommation
:
12/20

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Commentaires

avatar de LoïCat
LoïCat a dit le 31-03-2008 à 11:58
@ Jacques : OK, merci, c'est rectifié
avatar de Marlot
Marlot a dit le 29-03-2008 à 21:14
Très belle voiture. Si mon XJ SV8 n'était pas si jeune, je l'achèterais volontiers.
avatar de simots
simots a dit le 28-03-2008 à 13:52
Vraiment deçevant ! si on cache le logo Jaguar on dirais que c'est une des voitures americaines bidon sans aucune personalité. on ne reconnais pas que c'est une Jaguar immediatement tellement le design est banale et torturé. le profil et la partie arrière sont réussis mais ce design est empreinté à Aston Martin. d'ailleur c'est le meme designer. Dommage