24 Heures du Mans 2007

Personne ne pensait la voir à l'arrivée, pourtant la Peugeot 908 HDI s'est approprié une inespérée seconde place, derrière une Audi R10 intouchable. Retour sur 24 heures haletantes.

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24 heures du Mans 2007

Jean-François Destin le 18/06/2007

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Audi Gagne, Peugeot convainc


Loïc Bailliard

Mordu mais pas dévoré par le lion de Peugeot. Audi a, en toute logique, remporté les 75èmes 24 Heures du Mans, la septième victoire dans la Sarthe de la firme allemande, la quatrième d’affilée et la seconde avec un moteur diesel. Cet éblouissant palmarès explique à lui seul ce succès annoncé. Mais en finissant deuxième derrière la R10 de Biela, Pirro et Werner, la Peugeot 908 V12 diesel de Bourdais, Sarrazin et Lamy a démontré l’expertise du constructeur français.

Victorieux de l’épreuve en 92 et 93 avec la 905, Peugeot, devenu le plus important producteur de diesel au monde avec sa technologie HDI s’est lui aussi décidé à démontrer l’intérêt du diesel en compétition. « On est venu cette année pour réapprendre l’épreuve et se rôder, martelait humblement Frédéric Saint-Geours, directeur général de Peugeot, on visera réellement la victoire l’an prochain ». Et c’est vrai qu’en consultant le classement final, on constate que la 908 de Bourdais a fini à …10 tours de la R10 et à seulement deux tours devant l’excellent proto à essence de Pescarolo aux mains de Bouillon, Gounon et Dumas.


Loïc Bailliard

Dès le début de l’épreuve disputée par un temps épouvantable, on avait bien compris que Peugeot allait passer les deux tours d’horloge à tenter de rester au contact des très rapides Audi. Après son premier relais, le manceau Sebastien Bourdais, superstar en Champcar aux USA et qui en a vu d’autres, n’en revenait pas de la vélocité des protos allemands dans les portions rapides des Hunaudières. « Impossible de suivre en reprises de charge et leur vitesse de pointe est aussi très supérieure à la nôtre » confiait t-il en dégrafant sa combinaison.

Il ne fallut en effet que trois heures à l’Audi R10 de Capello, Kristensen et Mac Nish pour prendre un tour complet à la meilleure des 908, la N°8 de Bourdais, Sarrazin et Lamy. La course, hachée par les averses, les interventions nombreuses et souvent abusives du Safety-car et les ballets incessants de changements de pneus dans les stands confortèrent l’équipe Peugeot dans leur stratégie d’attente. D’autant qu’une des trois voitures d’usine d’Audi avait déjà abandonné. A 17h 49, Mike Rockenfeller l’un des trois « rookies » du team Joest se laissait surprendre sous la pluie au virage du tertre rouge et démolissait l’arrière de la R10.


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Deux 908 contre deux R10, la partie allait peut-être s’annoncer plus équilibrée que prévu. Oubliée, la petite erreur de Bourdais à la chicane Dunlop et qui avait privé la marque française d’un premier tour en tête devant le direct des caméras de télévision. Vers 20 heures, alors que les 1600 invités d’Audi venus du monde entier ( !) se mettaient à table, chez Peugeot, les yeux des techniciens restaient braqués sur les écrans de la télémétrie et surtout sur les temps réalisés par les protagonistes. 3’31’’592 pour Mac Nish sur la R 10 de tête contre 3’37’’865 pour la 908 en troisième position aux mains du canadien Jacques Villeneuve. Dans le stand, Christian Streiff, le nouveau PDG de PSA et Frédéric Saint-Geours restaient perplexes en se demandant si la punition n’allait pas être sévère.


Loïc Bailliard

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Mais la magie des 24 Heures du Mans tient à l’incertitude du résultat jusqu’au baisser du drapeau du dimanche après-midi. Abattre plus de 5000 kilomètres à 210 km/h de moyenne laisse des traces sur les voitures et les organismes. La fatigue aidant après une nuit blanche et froide (10° cette année), personne n’est à l’abri d’une erreur. L’une d’elle fera disparaître une deuxième Audi d’usine. A 7h36, la N°2 qui, jusqu’ici, avait tourné comme une horloge perd sa roue arrière gauche à Indianapolis. Rinaldo Capello au volant ne peut l’empêcher d’aller se fracasser contre le garde-rail. Durant le changement de pneus précédent, le mécano responsable de cette roue n’avait pas achevé son blocage d’écrou au pistolet pneumatique lorsque la décompression des vérins avait remis la voiture au sol. Une précipitation lourde de conséquence et incroyable au sein d’une organisation relevant des commandos d’élite.

Chez Peugeot, on sent que la chance va peut-être se manifester d’autant que les 3500 km fatidiques jamais dépassés en essais sont atteints sans trop de problèmes. Certes, sur les deux 908, on a du changer souvent les roulements de roues et depuis l’aube, à chaque arrêt, on s’emploie à bien dégager les radiateurs encombrés de gomme et d’herbe. Mais tout va bien. Les deux voitures progressent, la N° 7 de Villeneuve, Minassian et Gene héritant d’une inespérée deuxième place devant l’autre 908.


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Finir 2 et 3 sur le podium derrière une seule Audi, Peugeot aurait signé tout de suite. Hélas à 13h28, la N°7 casse son moteur. Alors que la pluie fait son retour, les dés sont jetés. La seule Audi rescapée possède trop d’avance. La Peugeot N° 8, dont le V12 donne aussi des signes de faiblesses, baisse volontairement de cadence pour rallier l’arrivée.

Une énorme satisfaction pour l’équipe française qui a promis de revenir l’an prochain plus affûtée que jamais pour un match retour.


Loïc Bailliard

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En LM GT1, c’est le duel Corvette contre Aston Martin qui a tenu toutes ses promesses. Avec 6 DBR9 au départ et autant à l’arrivée, la marque anglaise s’est appropriée la couronne de nouvelle reine de la catégorie. Ce n’est cependant pas sans batailler que l’Aston N° 009 de Brabham, Rydell et Turner s’est imposée, devançant la Corvette de Magnussen, O’Connell et Fellows d’un seul petit tour à l’arrivée. Les représentantes de l’oncle Sam auront de plus perdu leur titre de voitures indestructibles en vivant pour la première fois au Mans l’abandon de l’une des leurs. Du côté des LMP2, ces 24 heures furent une véritable hécatombe, puisque seulement 2 voitures ont pu rallier l’arrivée, la Zytek du team « Barazi Epsilon » cédant la première place à la Lola du « Binnie Motorsport ». Enfin, la catégorie LM GT2 a vu s’imposer la Porsche 997 RSR N°76, à 6 tours de la Ferrari F430 N°99.


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