Louis Vuitton Classic 2003

Pour sa seizième édition, le célèbre concours d'élégance quittait la pelouse du Parc de Bagatelle pour le domaine national de Saint-Cloud.

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GORDINI T23 S

Gilles Bonnafous le 06/09/2003

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Entièrement restaurée par Edward McGuire, un collectionneur britannique, la Gordini T 23 S a fait, au Louis Vuitton Classic, sa première apparition publique depuis 1952. Invité à courir à Goodwood au mois d'août, Edward McGuire a préféré réserver à Paris la renaissance historique de cette brillante voiture française. Très performante malgré sa faible cylindrée de 2,3 litres, la Gordini T 23 S permet aussi d'évoquer les derniers feux des voitures bleues, une époque où, malheureusement, celles-ci montrent plus de mérite que de résultats.

La Gordini T 23 S court d'abord les 24 Heures du Mans de 1950 et 1951 en version quatre cylindres de 1,5 litre. Pour la saison 1952, Amédée Gordini apporte de nombreuses modifications à la voiture. Adoptant la conduite à droite, elle reçoit un six cylindres double arbre de 2,3 litres développant près de 180 ch. Cette mécanique souple et puissante est accouplée à une boîte de vitesses à quatre rapports entièrement synchronisés, qui reprend, tout comme le pont, des éléments de Fiat modifiés. Construite sur un châssis bien équilibré, cette petite voiture, agile et maniable, fait des merveilles : elle sera chronométrée à 230 km/h au Mans. Des performances qu'elle doit en partie à son poids plume, favorisé par la légèreté du châssis (une soixantaine de kilos) et de sa carrosserie biplace en aluminium (680 kilos).

Edward McGuire
Edward McGuire Motorlegend.com
GORDINI
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C'est aux 24 Heures du Mans 1952 que la Gordini T 23 S connaît son heure de gloire. Pilotée par l'équipage Behra-Manzon (dossard n°34), elle occupe la deuxième position à la deuxième heure de course derrière la Ferrari 4,1 litres de Simon-Vincent. Une heure plus tard, elle prend la tête à la distance, ainsi qu'au classement à l'indice de performance, devant la Cunningham Chrysler de 5,4 litres de Walters-Carter et la Mercedes 300 SL de Kling-Klenk. Cette dernière se hisse à la deuxième place à la quatrième heure, avant de céder sa position à la Talbot T 26 de Pierre Levegh.

La Gordini T 23 S conserve son leadership aux deux classements jusqu'à la douzième heure, quand elle s'arrête longuement à son stand pour un problème d'allumage. Elle repart derrière la Talbot passée en tête et se trouve, à l'indice de performance, sous la menace de la Panhard Monopole (612 cm3) de Hémard-Dussous (qui l'emportera). A la treizième heure, la Gordini s'arrête à nouveau. Cette fois, elle ne repartira pas, freins avant hors d'usage. Les pilotes étaient prêts à poursuivre, mais Amédée Gordini a préféré cette solution de sagesse.

La suite de l'épreuve sera marquée par l'exploit de Pierre Levegh, seul aux commandes de sa Talbot T 26 4,5 litres depuis le départ, et qui mènera largement devant les deux Mercedes 300 SL de Helfrich-Niedermayer et Lang-Riess. Mais 80 minutes avant l'arrivée, le vilebrequin de la Talbot cédera, laissant la victoire aux Mercedes. Cette course héroïque vaudra à Pierre Levegh d'être remarqué par Alfred Neubauer, le directeur de course de Stuttgart, qui l'engagera. Au volant de la 300 SLR, le pilote français trouvera en 1955, sur la piste mancelle, une fin tragique dans le drame que l'on connaît.

Après les 24 Heures du Mans 1952, la Gordini T 23 S, équipée du moteur de 1,5 litre, court le Grand Prix de Belgique à Spa - à l'époque, les carrosseries enveloppantes sont admises à participer aux épreuves du championnat du monde, dont le règlement fixe la limite de cylindrée à deux litres. Pilotée par le Belge Claes, elle termine à la huitième place. Elle est ensuite alignée aux 12 Heures de Reims (moteur de 2,3 litres), où Manzon réalise la pole position. Ce dernier mènera la course avant de sortir de la route.

GORDINI
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La suite de la carrière de la Gordini T 23 S est plus calme. Elle demeurera à l'usine, puis restera des années dans la collection de Serge Pozzoli. Cédée il y a quelques années à Edward McGuire, elle vient de subir en Angleterre une restauration complète. Tout a été refait à zéro, d'autant que son nouveau propriétaire entend courir en VHC à son volant. Considérable, le chantier a duré deux ans pour la carrosserie et un an et demi pour la mécanique.

Grâce à cette restauration, Edward McGuire a beaucoup appris sur la manière dont Amédée Gordini concevait ses voitures. Pour notre collectionneur enthousiaste, Gordini apparaît comme le précurseur de Colin Chapman, qui partageait le même esprit : légèreté, taille réduite et simplicité.

GORDINI
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