Saga Cadillac Eldorado

Représentation achevée du rêve automobile d'outre-Atlantique, la Cadillac Eldorado incarne l'Amérique triomphante des années 50. Place à l'excentricité, à l'opulence et au glamour capiteux d'une époque mythique…

sommaire :

CADILLAC Eldorado 1954-1959

Gilles Bonnafous le 15/06/2002

Partagez

réagir

Série phare de la marque de prestige de la General Motors, l'Eldorado bénéficie en primeur, au cours des années cinquante, des innovations stylistiques les plus audacieuses, avant que celles-ci ne soient généralisées à l'ensemble de la gamme Cadillac. Lignée de grand luxe extrêmement coûteuse, l'Eldorado se distingue du cabriolet " de base " (si l'on ose dire) de la série 62 par une centaine de kilos supplémentaires de chromes et d'équipements sophistiqués. Certaines voitures seront même équipées d'une capote à fermeture automatique munie de capteurs d'humidité… Pour compenser cet excédent de poids, le V8 de l'Eldorado est doté, durant l'âge d'or de la lignée, d'un avantage de 20 à 25 chevaux sur le moteur de la série 62 (grâce à une alimentation plus généreuse).

Cadillac Eldorado 1954
Cadillac Eldorado 1954 D.R

Née en 1953, l'Eldorado est, à partir de 1956, déclinée comme une mini-gamme à l'intérieur du catalogue Cadillac. Désormais baptisé Biarritz (un nom exotique et qui sonne bien à l'oreille aux " States "), le cabriolet se voit adjoindre un coupé dénommé Séville. L'année suivante, une berline quatre portes sans montants (" hardtop sedan " en anglais d'outre-Atlantique) est lancée. C'est la Brougham, une voiture très exclusive au luxe inégalé. Cet âge d'or de l'Eldorado se prolongera jusqu'au début des années soixante, Brougham et Séville étant retirées en 1961.

Cadillac Eldorado 1954
Cadillac Eldorado 1954 D.R
Cadillac Eldorado 1954
Cadillac Eldorado 1954 D.R

Cadillac Eldorado Séville 1956
Cadillac Eldorado Séville 1956 D.R
Cadillac Eldorado Biarritz 1956
Cadillac Eldorado Biarritz 1956 D.R

Nous assistons durant cette décennie prodigieuse à deux phénomènes parallèles, dont l'association s'avère hautement symbolique : la montée en puissance du moteur et l'ascension des ailerons. Cette dernière, très païenne quête du ciel, se manifeste pour la première fois en 1955, quand le dessin des ailes arrière de l'Eldorado, ornées de deux fusées portant les feux, préfigure en plus sage le motif du millésime 1959. La tendance est confirmée en 1956, tandis que la Brougham et ses ailerons ultra fins, qui feront école, apparaît comme " show car " dans l'un des Motoramas chers à Harley Earl. Le contour des ailerons du millésime 1957 apparaît fort différent. Ce sont de fines lames acérées et rapportées sur l'arrondi des ailes, comme un rasoir planté dans une pomme : le contraste est saisissant et l'effet esthétique discutable… Repris en 1958, ce dessin est l'apanage des Eldorado.

1956 Cadillac Eldorado Brougham Town Car Show Car
1956 Cadillac Eldorado Brougham Town Car Show Car D.R

C'est en 1957, soit deux ans après leur première apparition sur l'Eldorado, que les grands ailerons pointus remplacent sur l'ensemble de la gamme Cadillac les discrets appendices aéronautiques nés en 1948. Mais de 1955 à 1958, les Biarritz et Séville bénéficient d'ailerons spécifiques, une manière ostentatoire et très américaine de distinguer l'élite du vulgum pecus...

Cadillac Eldorado Séville 1957
Cadillac Eldorado Séville 1957 D.R

Lancée dès 1953, la course à la puissance verra chaque millésime apporter son supplément de chevaux. Le V8 de 331 c.i. (5,4 litres), qui date de 1949, développe 210 ch sur la première Eldorado. La puissance passe à 230 ch l'année suivante, puis à 270 ch en 1955. Réalésé à 365 c.i. (6 litres) en 1956, le moteur délivre alors 305 ch. Grâce à deux carburateurs quadruple corps, vingt chevaux sont encore gagnés en 1957, alors que le nouveau châssis en X, qui équipe désormais tous les modèles, permet, sans perdre en rigidité, de surbaisser les carrosseries - une préoccupation constante de Harley Earl.

Cadillac Eldorado Biarritz 1957
Cadillac Eldorado Biarritz 1957 D.R
Cadillac Eldorado Biarritz 1957
Cadillac Eldorado Biarritz 1957 D.R

C'est un modèle entièrement nouveau qui est lancé en 1959. La cylindrée du V8 passe à 390 c.i. (6,3 litres) par allongement de la course : 345 ch sont disponibles avec un couple de 60 mkg ! Gratifiée de toutes les hyperboles oratoires, la Cadillac 1959 et particulièrement l'Eldorado demeure, à coup sûr, un phénomène dans l'histoire de l'automobile américaine. En cette année de tous les excès, Cadillac surpasse toutes les marques d'outre-Atlantique. Y compris au sein de la General Motors, où même les Buick et les Chevrolet, avec leurs immenses ailes d'oiseaux au long cours, ne supportent pas la comparaison en termes d'exubérance et d'agressivité. Les goélands ne sont pas à la hauteur des jets…

1959, Cadillac Eldorado Biarritz
1959, Cadillac Eldorado Biarritz Scott Nidermaier, RM Auctions
1959, Cadillac Eldorado Séville
1959, Cadillac Eldorado Séville D.R

A défaut de pouvoir être considérée comme un chef-d'œuvre esthétique, l'Eldorado 1959 marque l'apogée d'un style, celui de Harley Earl, mélange d'onirisme et de mégalomanie. Facilement identifiable, elle apparaît comme un facile repère chronologique, reconnu même par les non-spécialistes. Elle est enfin, et peut-être surtout, un symbole de puissance. Sa géométrie délirante témoigne de l'incroyable absence de complexe et de pudeur d'une Amérique triomphante. Comment ne pas voir dans ces épées dressées vers le ciel les attributs arrogants d'un pays au faîte de sa puissance. Comme un gigantesque bras d'honneur lancé au monde et singulièrement à l'Europe. Mais si le Vieux Continent se situe à des années-lumière de cette opulence, il cultive aussi d'autres valeurs, celles de la discrétion et de la distinction, et son sens esthétique s'inscrit aux antipodes du goût américain. Car on ne saurait trop souligner que l'Eldorado 1959, la voiture la plus folle de l'histoire américaine, représente le sommet de gamme de la plus prestigieuse marque des Etats-Unis. Au pays de l'oncle Sam, l'audace stylistique la plus débridée et la plus clinquante rime avec luxe et prestige. Une situation impensable en Europe.

Aujourd'hui, l'Eldorado 1959 peut être considérée au choix comme une authentique pièce de musée ou une " voiture de cirque ". Entendez par là que son usage en tant que véhicule de collection requiert une forte dose d'humour. Une approche au premier degré ne saurait être conseillée, sauf à tomber dans le ridicule…

1959, Cadillac Eldorado Biarritz
1959, Cadillac Eldorado Biarritz D.R
article précédent CADILLAC Eldorado 1953

Page précédente
CADILLAC Eldorado 1953

article suivant CADILLAC Eldorado 1960-1966

Page suivante
CADILLAC Eldorado 1960-1966

Partagez

réagir

Commentaires

avatar de goliwook
goliwook a dit le 28-10-2020 à 16:36
"Aujourd'hui, l'Eldorado 1959 peut être considérée au choix comme une authentique pièce de musée ou une " voiture de cirque ". Entendez par là que son usage en tant que véhicule de collection requiert une forte dose d'humour. Une approche au premier degré ne saurait être conseillée, sauf à tomber dans le ridicule" C'est une honte d'avoir de tel propos sur cette magnifique voiture: faut changer de métier toi le journaliste. Tu dois rouler en VW ou en AUDI le tout en électronique.A lire ton propos, je suis en colère: tu es une honte et le mot est faible (je me retiens dans mes propos)
avatar de goliwook
goliwook a dit le 28-10-2020 à 16:29
suite: j'adore aussi en Française la Citroën DS en pallas (je veux mon neveu) une plus belles voiture au monde sinon là ++++ belle.Là, je peux dire que connais pour en avoir possédé deux (1967 vert jura & 1973 gris métal) cuir noir.Voiture jamais inégalée, car je ne parle pas de poubelles construite en 2019.....le nom de DS est une abomination, une insulte, une honte à la vraie DS(1955-1975), je vomi cette voiture pourriture de bagnole!!
avatar de goliwook
goliwook a dit le 28-10-2020 à 16:17
Bonjour, aucune voiture b'est aussi belle que la 59, elle est démesurée, quelle voiture magnifique, c'est un paquebot sans vouloir l'insultée, quelle ligne avec son abondance de chrome rutilant, un V8 monstrueux qui consomme à mort(vu le poids de la bestiole, normal) Pour moi, impossible d'en avoir une tellement les prix sont prohibitif car vu l'année (1959), il faut passée(acheter) une voiture restaurée, donc les prix grimpent. C'est une qui ce conduit,pas une une voiture qui ce pilote(faut savoir ce que qu'ont veut, donc voiture de drive tranquille , accélérer pour apprécier le vrombissement. et la puissance de ce V8 à l'ancienne. Mettez une Ferrari en bas d'une rue double à coté une Cad 59 rouge ou noire rutilant, par un beau soleil d'été, les 2 super astiquée, tout les regard seront pour la Cad,(pauvre ferrari) je l'affirme pour l'avoir vu ça!!! Après, cela reste une voiture américaine quoi, aussi dans ce type voiture, j'adore aussi les Lincoln Continental année 1964/65 ( JFK)